
Cet article de Michael Shellenberger fut publié par FORBES le 28 juin 2020. Sans aucune explication, il fut retiré du site du média 2 jours plus tard. (1)
Michael SHELLENBERGER, né en 1971, se définit comme positionné à gauche depuis sa jeunesse. Il fut co-nommé «Hero of the Environment» par Time Magazine en septembre 2008. Contrairement à certains courants écologistes, il ne considère pas l’espèce humaine comme un cancer pour la planète, mais se dit favorable à des solutions technologiques pour les problèmes environnementaux qui se posent aujourd’hui. Il a également abandonné le soutien aux filières des énergies renouvelables, au profit du nucléaire.
Il n’est pas un exemple unique d’environnementalistes ayant pris leurs distances avec les postulats de l’écologisme, je pense à James Lovelock et Fritz Vahrenholt parmi pas mal d’autres, en n’oubliant pas Michael Moore dont le dernier film a semé la panique dans le milieu écologiste.
Je reprends ici les étapes les plus importantes du parcours écologique de Shellenberger (vous trouverez une énumération complète dans l’article original) . Issu du milieu « hippie » de parents très progressistes, après un séjour en Amérique du Sud durant son adolescence, notamment dans le cadre du développement de coopératives agricoles, il travaille en 1993 pour l’ONG progressiste Global Exchange. Il crée ensuite Communication Works pour des objectifs environnementaux et humanitaires. En 2002, il décide de se consacrer à la lutte contre le réchauffement climatique. En 2003, il crée le think tank « Breakthrough Institute » centré sur le climat.
Il est l’auteur de plusieurs essais et articles, et de son dernier livre « Apocalypse Never » qu’il présente ici.
Voici de nombreux extraits de l’article, dans une traduction maison comme d’habitude.
Jo Moreau
Un activiste vert de renom s’excuse pour la crise climatique.
De la part d’environnementalistes du monde entier, je voudrais m’excuser officiellement pour la peur climatique que nous avons créée au cours des 30 dernières années.
Le changement climatique se produit. Ce n’est tout simplement pas la fin du monde. Ce n’est même pas notre problème environnemental le plus grave.
Il peut sembler étrange pour moi de déclarer cela. Je suis activiste climatique depuis 20 ans et environnementaliste depuis 30 ans.
Mais en tant qu’expert en énergie invité par le Congrès afin de fournir un témoignage objectif, et invité par le « Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC-GIEC) à servir de réviseur expert pour son prochain rapport d’évaluation, je me sens obligé de m’excuser pour la façon dont nous, écologistes, avons induit le public en erreur.
Voici quelques faits que peu de gens connaissent:
- Les humains ne provoquent pas une « sixième extinction de masse »
- L’Amazonie n’est pas « le poumon de la planète »
- Le changement climatique n’aggrave pas les catastrophes naturelles
- Les incendies ont diminué de 25% dans le monde depuis 2003
- La surface des terres que nous utilisons pour l’élevage et la production de viande – la plus grande utilisation des terres par l’ humanité – a diminué d’une superficie presque aussi grande que l’Alaska
- C’est l’accumulation des combustibles ligneux et l’augmentation des maisons situées près des forêts, et non le changement climatique, qui explique pourquoi il y a plus de dangereux incendies en Australie et en Californie
- Les émissions de carbone diminuent dans les pays riches depuis des décennies et ont culminé en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France au milieu des années 70
- L’adaptation à la vie sous le niveau de la mer a rendu les Pays-Bas riches et non pauvres
- Nous produisons 25% de nourriture en plus que ce dont nous avons besoin et les excédents alimentaires continueront d’augmenter au fur et à mesure du réchauffement de la planète
- La destruction de leur habitat et la mise à mort directe d’animaux sauvages sont des menaces plus importantes pour les espèces que le changement climatique
- Le combustible ligneux (le bois) est bien pire pour les humains et la faune que les combustibles fossiles
- La prévention de futures pandémies nécessite une agriculture plus et non moins « industrielle ».
Je sais que les faits ci-dessus sonneront comme un « déni climatique » pour beaucoup de gens. Mais cela démontre juste la puissance de l’alarmisme climatique.
En réalité, ces faits proviennent des meilleures études scientifiques disponibles, y compris celles menées ou acceptées par le GIEC, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et d’autres organismes scientifiques de premier plan.
Certaines personnes imagineront, en lisant ceci, que je suis un anti-environnementaliste de droite, ce que je ne suis pas. (…)
Jusqu’à l’année dernière, j’ai surtout évité de dénoncer la peur du climat. C’est en partie parce que j’étais embarrassé.
Après tout, je suis autant coupable d’alarmisme que n’importe quel autre environnementaliste. Pendant des années, j’ai qualifié le changement climatique de menace « existentielle » pour la civilisation humaine, et l’ai qualifié de « crise ».
Mais surtout, j’avais peur. Je suis resté silencieux au sujet de la campagne de désinformation climatique parce que je craignais de perdre des amis et du financement.
Les quelques fois où j’ai eu le courage de défendre la science du climat contre ceux qui la dénaturent, j’en ai subi des conséquences sévères. Et je suis donc resté silencieux la plupart du temps pendant que mes collègues écologistes terrifiaient le public.
Je suis même resté aux côtés de gens de la Maison Blanche tandis que de nombreux médias ont tenté de détruire la réputation et la carrière d’un scientifique exceptionnel, d’un homme bon et d’un de mes amis, Roger Pielke, Jr., un démocrate et environnementaliste progressiste de longue date qui a témoigné en faveur d’une régulation des émissions carbone.
Pourquoi ont-ils fait cela ? Parce que ses recherches prouvent que les catastrophes naturelles ne s’aggravent pas.
Mais ensuite, l’année dernière, les choses sont devenues incontrôlables.
Alexandria Ocasio-Cortez (élue du Parti Démocrate) a déclaré: « Le monde va se terminer dans douze ans si nous ne nous attaquons pas au changement climatique. » Le groupe environnementaliste le plus en vue de Grande-Bretagne a déclaré: « Le changement climatique tue les enfants ».
Le journaliste vert le plus influent du monde, Bill McKibben, a qualifié le changement climatique de « plus grand défi auquel les humains aient jamais été confrontés » et a déclaré qu’il « anéantirait les civilisations ».
Les journalistes traditionnels rapportaient à plusieurs reprises que l’Amazonie était « le poumon de la planète » et que la déforestation était semblable à une dévastation nucléaire.
En conséquence, la moitié des personnes interrogées dans le monde l’année dernière ont déclaré qu’elles pensaient que le changement climatique provoquerait l’extinction de la civilisation humaine. Et en janvier, un enfant britannique sur cinq a déclaré aux sondeurs qu’il faisait des cauchemars causés par le changement climatique.
Que vous ayez ou non des enfants, vous devez réaliser à quel point c’est faux. J’avoue que je suis peut-être sensible parce que j’ai une fille adolescente. Après avoir recentré des faits scientifiques, elle a été rassurée. Mais ses amis sont essentiellement mal informés et donc, naturellement, effrayés.
J’ai donc décidé que je devais parler. Je savais qu’écrire quelques articles ne serait pas suffisant. J’avais besoin d’un livre pour présenter correctement toutes les preuves.
Et donc mes excuses formelles pour notre alarmisme viennent sous la forme de mon nouveau livre, « Apocalypse Never: Why Environmental Alarmism Hurts Us All All » .
Il est basé sur deux décennies de recherches et trois décennies d’activisme environnemental. Avec 400 pages, dont 100 notes de fin, « Apocalypse Never » couvre le changement climatique, la déforestation, les déchets plastiques, l’extinction des espèces, l’industrialisation, la viande, l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables.
Quelques faits saillants du livre:
- Les usines et l’agriculture moderne sont les clés de la libération de l’homme et du progrès environnemental
- La chose la plus importante pour sauver l’environnement est de produire plus de nourriture, en particulier de la viande, sur moins de terres
- La chose la plus importante pour réduire la pollution atmosphérique et les émissions de carbone est de passer du bois, du charbon, du pétrole, du gaz naturel vers l’uranium
- 100% d’énergies renouvelables nécessiterait d’augmenter la superficie utilisée pour produire de l’énergie de 0,5% à 50% aujourd’hui
- Nous devrions vouloir que les villes, les fermes et les centrales électriques aient des densités de puissance plus élevées, et non plus faibles
- Le végétarisme réduit ses émissions de moins de 4%
- Greenpeace n’a pas sauvé les baleines, c’est la transition de l’huile de baleine vers le pétrole et l’huile de palme qui l’a accompli.
- Le bœuf « fermier » nécessiterait 20 fois plus de terres et produirait 300% d’émissions supplémentaires
- Le dogmatisme de Greenpeace a aggravé la fragmentation des forêts de l’Amazonie
- L’approche colonialiste de la conservation des gorilles au Congo a produit un contrecoup qui pourrait avoir entraîné la mort de 250 éléphants
Pourquoi avons-nous tous été induits en erreur?
Dans les trois derniers chapitres d’ « Apocalypse Never » j’expose les motivations financières, politiques et idéologiques. Les groupes environnementaux ont accepté des centaines de millions de dollars provenant des intérêts des combustibles fossiles.
Des groupes motivés par des croyances anti-humanistes ont forcé la Banque mondiale à cesser ses efforts pour mettre fin à la pauvreté, pour rendre celle-ci « durable ».
Et l’état d’anxiété, la dépression, l’hostilité à la civilisation moderne sont à l’origine d’une grande partie de l’alarmisme
Une fois que vous avez réalisé à quel point nous avons été désinformés, souvent par des personnes aux motivations manifestement peu recommandables ou malsaines, il est difficile de ne pas se sentir dupé.
« Apocalypse Never » fera- t-il jamais la différence? Il y a certainement des raisons d’en douter.
Les médias ont fait des déclarations apocalyptiques sur le changement climatique depuis la fin des années 80 et ne semblent pas disposés à s’arrêter.
L’idéologie derrière l’alarmisme environnemental – le malthusianisme – a été démystifiée à plusieurs reprises pendant 200 ans et pourtant elle est plus puissante que jamais.
Mais il y a également des raisons de penser que l’alarmisme environnemental, s’il ne prend pas fin, aura une puissance culturelle décroissante.
(…)
Les nations se réorientent vers l’intérêt national et s’éloignent du malthusianisme et du néolibéralisme, ce qui est bon pour le nucléaire et mauvais pour les énergies renouvelables.
La preuve est évidente que notre civilisation à haute énergie est meilleure pour les citoyens et la nature, que la civilisation à basse énergie vers laquelle les alarmistes climatiques nous ramèneraient.
(…)
Un autre signe est l’écho des climatologues, des écologistes et des spécialistes de l’environnement à mon livre.
» Apocalypse Never est un livre extrêmement important », écrit Richard Rhodes, l’auteur ayant remporté le Pulitzer pour The Making of the Atomic Bomb . « Il s’agit peut-être du livre le plus important jamais écrit sur l’environnement », déclare l’un des pères de la science climatique moderne, Tom Wigley.
« Nous, écologistes, condamnons ceux qui ont des vues antithétiques d’être des ignorants de la science et susceptibles de biais de confirmation », a écrit l’ancien chef de The Nature Conservancy, Steve McCormick. « Mais trop souvent, nous aussi en sommes coupables. Shellenberger offre un défi pour les orthodoxies bien ancrées et les mentalités rigides et autodestructrices (…).»
C’est tout ce que j’avais espéré en l’écrivant. Si vous êtes arrivé jusqu’ici, j’espère que vous conviendrez que ce n’est peut-être pas aussi étrange qu’il n’y paraît qu’un environnementaliste, progressiste et activiste climatique de longue date, ait ressenti le besoin de dénoncer l’alarmisme.
J’espère en outre que vous accepterez mes excuses.
(1) https://wattsupwiththat.com/wp-content/uploads/2020/06/Schellenberger-Apology.pdf
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