Voici que reparait en Belgique l’idée d’un permis de conduire à points, portée par le nouveau gouvernement.
Il s’agit d’un projet qui rejaillit régulièrement, tel le monstre du Loch Ness. Déjà en 2009, Monsieur Etienne Schouppe, alors secrétaire d’Etat à la mobilité, nous promettait le permis à point pour janvier 2012, celui-ci étant selon lui dissuasif dans l’optique d’une diminution des accidents de roulage.
J’ai à priori une opinion iconoclaste concernant le permis de conduire.
Autant j’estime indispensable la licence d’apprentissage, basée sur la connaissance du code de la route, autant je considère l’examen pratique obligatoire comme inutile, sauf bien entendu pour les profits juteux des bénéficiaires de la ponction d’argent dans le portefeuille des candidats, bien souvent appelés à recommencer plusieurs fois une épreuve qui ne prouve rien, en-dehors de la capacité à dominer son stress devant un examinateur, ou d’avoir assimilé toutes les subtilités de la manœuvre de créneau.
D’ailleurs, 95% des accidents de roulage ne sont-ils pas commis par des conducteurs parfaitement en règle de permis de conduire ?
D’autre part, une certaine catégorie d’usagers est dispensée de ces formalités pratiques lourdes et coûteuses, je veux parler des conducteurs de véhicules dits « sans permis », dont chacun peut cependant apprécier la dangerosité sur nos routes, ou de certains deux-roues motorisés ou non.
Le permis de conduire ne constitue nullement une garantie de parfaite maîtrise du véhicule en toutes circonstances, ce qui inclut en premier lieu le fait de savoir se maîtriser soi-même devant les « agressions » en tous genres auxquelles chacun est confronté dans la circulation quotidienne, ou de sa capacité à refouler les désirs de puissance ou d’affirmation de soi qui satisfassent l’égo de certains.
La possession du permis de conduire, tel qu’il est aujourd’hui, me parait un droit inaliénable et définitif, au même titre que la carte d’identité, dans ce qu’il n’est qu’une simple preuve de la connaissance du code de roulage. D’autre part, l’organisation de la vie contemporaine fait que l’usage d’un moyen de déplacement personnel est devenu indispensable pour une grande majorité de citoyens, que ce soit dans la vie professionnelle active -ou simplement pour se rendre à son lieu de travail-, ou dans des déplacements dans le cadre de la vie privée. Sa seule limite de validité devrait se trouver dans l’âge avancé du conducteur, amené alors à prouver par des tests physiques ou psychologiques et à intervalles réguliers, sa capacité à maîtriser un véhicule, ou comme cela est déjà appliqué, une validité limitée à certaines zones géographiques.
Le retrait du permis « à points » amènerait, pour une large frange des usagers qui en seraient l’objet, soit à l’obligation de continuer malgré tout à user de son véhicule en toute illégalité pour des motifs familiaux ou professionnels impérieux, accompagné d’une hausse des délits de fuite après un accident, soit à s’adonner au trafic des points, l’expérience de ce qui se passe à l’étranger et notamment en France en fait foi…
Une autre piste pourrait être, pour les nouveaux conducteurs, une modulation du permis de conduire à des véhicules d’une puissance très limitée pendant une période à convenir. On peut évidemment se tuer (ainsi que ses passagers) au volant d’une Clio, mais un jeune conducteur pilotant une BMW risque d’avoir un comportement dicté par l’image sublimée du type de véhicule, surtout aux yeux des copains et copines transportées…Cela pose évidemment pas mal de problèmes, comme l’utilisation du seul véhicule familial, mais il faut savoir ce que l’on veut…
Alors, le permis à point, pour quoi faire ?
Le retrait pur et simple est à exclure. On pourrait imaginer une gradation des peines en fonction du nombre de points perdus en tenant compte cependant des kilomètres parcourus, ou encore une interdiction de circuler pendant certaines heures en fonction des obligations familiales ou professionnelles du délinquant.
Et surtout, pour les fautes particulièrement graves et volontaires, la saisie définitive du véhicule au profit de l’Etat, quel que soit le propriétaire du véhicule impliqué. Cela pourrait conscientiser aussi bien le propriétaire quant au profil de celui à qui il confie ce véhicule, qu’à l’utilisateur qui a toujours l’obligation de restituer le bien dont il a l’usage dans l’état où il l’a reçu, ou sa contrepartie financière. J’entends par fautes particulièrement graves et volontaires une conduite accidentogène (surtout pour les tiers) sur une certaine période de temps ou d‘espace, soit une vitesse que je qualifierais d’aberrante, ou encore un niveau d‘alcoolémie -ou état équivalent- manifestement exagéré.
Cela nécessiterait aussi une définition spécifique aux délits affectant la circulation, de la notion de « faute grave » qui, comme chacun sait, ne peut être opposée qu’à l’auteur de cette faute exclusivement.
Voilà, je ne suis sûrement pas de ceux qui considèrent les transgressions au code de roulage comme mineures, au vu du nombre des victimes annuelles. Je trouve d’ailleurs particulièrement étonnante la diffusion autorisée des emplacements de radars, et j’attends avec impatience des avis semblables par exemple des bureaux de poste faisant l’objet d’une surveillance policière ponctuelle, en guise de mise en garde aux candidats hold-upers….
Jo Moreau
D’ ACCORD ? PAS D’ACCORD ?? LAISSEZ-MOI VOTRE COMMENTAIRE !
BIENVENUE EGALEMENT SUR MA PAGE FACEBOOK :