LA LIMITE DE 2°C, SINON C’EST LA CATASTROPHE

belgotopia (19)

Tous les lanceurs d’alerte climatique sont d’accord : nous devons impérativement limiter l’augmentation des températures à 2°C, sous peine de catastrophe irréversible pour la planète, l’espèce humaine et la civilisation.
Le G7 a reconnu cette limite en 2015, de même que la COP21, et toutes les études et conférences climatiques ultérieures.
Notons que le professeur Schellnhuber dont il est question dans l’article, a ensuite abaissé cette limite à 1,5°C.
Je reprends ici les principaux passages d’un article paru dans le « Spiegel online » en avril 2010 (1), car malgré l’ancienneté de ce texte, il est toujours pertinent dans son récit de la création de cette limite, qui connut ensuite le succès fulgurant qu’on lui connait.
Comme d’habitude, il s’agit d’une traduction maison.
Jo Moreau
Les modèles climatiques impliquent certains des calculs les plus exigeants de toutes les simulations, et seuls quelques instituts dans le monde disposent des superordinateurs nécessaires.
Tout cela est trop compliqué pour les politiciens, qui ont besoin de notions simples.
Pour cette raison, un groupe de scientifiques allemands cédant à la pression politique, a inventé au milieu des années 90 un message facile à diffuser : pour éviter des dommages encore plus importants aux êtres humains et à la nature, il faut limiter l’augmentation de la température terrestre à deux degrés Celsius par rapport à ce qu’elle était avant le début de l’industrialisation.
C’était une estimation assez audacieuse. Néanmoins, les pouvoirs en place disposaient enfin d’un concept simple qui leur permettait d’argumenter. L’histoire d’une réussite incroyable était sur le point d’apparaître.
« CLAIREMENT UN OBJECTIF POLITIQUE »
Une idée scientifique a rarement eu un impact aussi fort sur la politique mondiale. La plupart des pays ont désormais reconnu la limite des « deux degrés ». Si cette limite était dépassée, le ministre allemand de l’environnement, Norbert Röttgen, a prévenu avant l’échec du sommet de Copenhague que « la vie sur notre planète, telle que nous la connaissons aujourd’hui, ne serait plus possible ».
Mais cela est un non-sens scientifique. « Deux degrés ne sont pas une limite magique – c’est clairement un objectif politique », déclare Hans Joachim Schellnhuber, directeur de Potsdam Institute for Climate Impact Research  (PIK). « Le monde ne s’arrêtera pas tout de suite en cas de réchauffement plus important, et nous ne sommes pas non plus définitivement sauvés si le réchauffement n’est pas aussi important. La réalité, bien sûr, est beaucoup plus compliquée. »
Schellnhuber devrait savoir : c’est lui le père de la limite des « deux degrés ».
« Oui, je plaide coupable », dit-il en souriant. L’idée n’a pas nui à sa carrière. En fait, il a fait de lui le climatologue le plus influent d’Allemagne. Schellnhuber, un physicien théoricien, devint le conseiller scientifique en chef de la chancelière Angela Merkel – une position enviée par tout chercheur.
REGLE DE BASE
L’histoire de la limite des « deux degrés » avait commencé devant le Conseil consultatif allemand sur le changement global (WBGU). A la demande des politiciens de l’administration élaborant des directives sur la protection du climat, les scientifiques sous la direction de Schellnhuber ont eu une idée étonnamment simple. « Nous avons regardé l’histoire du climat depuis l’émergence de l’homo sapiens », se souvient Schellnhuber. « Cela nous a montré que les températures mondiales moyennes au cours des 130 000 dernières années variaient dans une fourchette de deux degrés avant le début de la révolution industrielle. La prudence nous incita à ne pas nous écarter de ce champ d’expérience dans l’évolution humaine, sinon nous marchions en terra incognita. « 
En y regardant de plus près et aussi attrayant qu’elle puisse paraître, cette approche se révèle être un tour de passe-passe. Les humains étant les survivants d’une ère glaciaire, pendant des milliers d’années ils ont lutté pour survivre dans un climat d’au moins quatre degrés et parfois même plus de 8 degrés plus froid qu’aujourd’hui.
Cela signifie que, dans l’ensemble, l’humanité a survécu à des fluctuations de température beaucoup plus importantes que deux degrés. Et les périodes froides ont toujours été les pires. En outre, les civilisations modernes disposent aujourd’hui de moyens techniques importants susceptibles de leur permettre de s’adapter au changement climatique.
Depuis que la première estimation approximative a été faite, de nombreuses autres bonnes raisons sont apparues pour soutenir l’objectif de « deux degrés », dit Schellnhuber. Dans le même temps, l’apparition constante de nouvelles études a également rendu la situation beaucoup plus complexe.
COMPLETEMENT SPECULATIF
Mais à quoi servent toutes les prédictions ? Il est assez difficile de calculer exactement dans quelle mesure les températures vont augmenter dans les prochaines décennies. Prédire avec précision si le réchauffement des températures profitera au tourisme ou nuira à la biodiversité résulte d’une spéculation pure.
« Bien sûr, les conclusions de la recherche sur l’impact climatique ne sont pas aussi fiables que nous le souhaitons », admet M. Schellnhuber. « Mais nous ne pouvons pas empiler 10 000 études de « Science » et « Nature » sur les bureaux de nos dirigeants politiques. En tant qu’experts, nous devons condenser ce grand nombre d’analyses en des scénarios plausibles. »
Les critiques disent que les chercheurs sur l’impact climatique sont allés trop loin dans leur rôle de conseillers politiques. « L’objectif de « deux degrés » n’a pas grand ‘chose à voir avec la science sérieuse », déclare Hans von Storch (2). Beaucoup de mes collègues scientifiques, ajoute-t-il, se considèrent maintenant abusivement comme des activistes politiques qui veulent agir. Cela nuit à la crédibilité de la science dans son ensemble, ajoute-t-il, et constitue également une cause du scandale du « Climategate », et du travail bâclé du GIEC.
« Malheureusement, certains de mes collègues se comportent comme des prédicateurs, qui présentent leurs résultats avec une telle précision qu’ils les adaptent à leurs sermons », explique Von Storch. « Ce n’est certainement pas un hasard si toutes les erreurs qui ont été rendues publiques ont toujours été celles qui avaient tendance à l’exagération et à l’alarmisme. »
« COMPLETEMENT ABSURDE »
De tels soupçons irritent le directeur du PIK, Hans Joachim Schellnhuber, spécialement lorsqu’ils sont dirigés contre lui ou son institut. Il se défend d’être un activiste environnemental ou quelqu’un qui agit uniquement pour des raisons politiques.
« C’est complètement absurde ! » dit-il vivement. « Je ne participe pas aux marches de protestation, je ne suis pas membre du Parti vert, j’aime manger de la viande et je conduis une BMW. Et je n’ai pas non plus étudié la physique pour devenir climatologue. »
« Si je suis passager sur un navire et que je vois, à travers mes jumelles, que nous nous dirigeons vers un iceberg », dit Schellnhuber, « je dois avertir le capitaine immédiatement ».
Mais à quelle distance se trouve cet iceberg ? Combien de temps reste-t-il pour modifier la route du navire ? Et quel est le risque de collision ? Ce sont des questions clés. En réalité, il ne s’agit pas d’arrêter un paquebot de luxe, mais de provoquer l’effort massif nécessaire pour mettre fin au plus vite à l’usage des combustibles fossiles.
LE TEMPS DE REAGIR
« Nous, climatologues, ne pouvons que décrire les futurs possibles », souligne Von Storch. « Il est également possible que les choses soient complètement différentes. »
Marco Evers, Olaf Stampf et Gerald Traufetter

(1) http://www.spiegel.de/international/world/climate-catastrophe-a-superstorm-for-global-warming-research-a-686697-8.html

(2) Hans Von Storch est climatologue – Professeur au Meteorological Institute Université de Hambourg (D) – Directeur Institut pour la Recherche Côtière, il est un des pionniers de la modélisation climatique. Il ne conteste pas l’influence des activités humaines sur le climat.

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4 commentaires sur “LA LIMITE DE 2°C, SINON C’EST LA CATASTROPHE

  1. Monsieur Moreau,

    Vous dites :  » En y regardant de plus près et aussi attrayant qu’elle puisse paraître, cette approche se révèle être un tour de passe-passe. Les humains étant les survivants d’une ère glaciaire, pendant des milliers d’années ils ont lutté pour survivre dans un climat d’au moins quatre degrés et parfois même plus de 8 degrés plus froid qu’aujourd’hui. »

    C’est exact mais ce n’est pas ce qui nous préoccupe aujourd’hui, 2° de PLUS au niveau planétaire ça veut dire une augmentation des températures terrestres de 4 ou 5° et ça, ça aura une incidence sur notre santé et la mortalité, Vous devriez pourtant savoir qu’on meurt plus facilement de chaud que de froid et qu’il est plus facile de se réchauffer que de se rafraîchir.

    Je passe sur le reste qui est de la même veine…

    Bref les climatonégateurs n’ont toujours aucun argument pertinent à faire valoir

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    1. Belle inversion en vérité. Un puits de science tel que vous devrait savoir qu’il est en fait beaucoup plus facile de mourir de froid que de chaud. il n’est même nul besoin de geler pour autant, ça prend juste plus de temps quand les températures sont positives… Une simple comparaison entre les faunes du sahara et celles des déserts glacé du continent antarctique le démontrent amplement.

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