HAITI, DONS EVAPORES ET CAPITAUX ERRANTS.

Il y a un an, Port-Au-Prince était détruit par un violent tremblement de terre.

De nombreux dons furent récoltés par des ONG, des ASBL ou même par des initiatives privées multiples et diverses, et des promesses de transferts de fonds furent annoncés par les gouvernements, même s’ils furent -parait-il- bien moins nombreux que ceux recueillis lors du tsunami en Thaïlande.

Il y a certainement un effet de lassitude, mais surtout de grandes interrogations de la population quant au sort réservé aux montants récoltés ou promis par les gouvernements, et qui sont en fait sortis eux aussi de la poche du contribuable.

On se souvient des questions qui se posèrent sur la répartition des aides destinées à la Thaïlande, et des interrogations graves soulevées par la Cour des Comptes sur les considérables « frais de gestion » retenus par la Région Wallonne.

Ces points ont-ils reçu une justification satisfaisante, ou cela est-il tombé dans un confortable oubli ?

On se souvient aussi qu’ils servirent -en petite partie- au déplacement sur place d’une délégation parlementaire, une goutte d’eau dans l’océan, si j’ose dire, mais interpellante malgré tout quant à l‘usage que certains réservent aux fonds publics.

Le chiffre d’une aide totale de 13,5 milliards de dollars a été cité pour la Thaïlande.

Revenons à Haïti. On nous dit que les aides promises par les Etats ne sont pas arrivées à destination dans leur intégralité. Je veux bien, mais une partie au moins a été transmise. Combien, à qui, et à quoi ont-ils servi ? A voir l’état actuel de la ville 1 an après la catastrophe, et les conditions désastreuses dans lesquelles les malheureux habitants doivent survivre, j’ai de sérieux doutes quant à la pertinence de leurs destinataires… Il y a deux ou trois jours, une ministre haïtienne, très élégante, était interviewée dans le cadre d’un JT. Devant l’étonnement du journaliste quant à l’état actuel de la ville, elle se félicita du fait que les voiries avaient été dégagées, même si les décombres étaient toujours en place. Un an après…

Si certaines (rares) ONG sont bien connues pour leur action volontaire et positive, il en existe quantité d’autres qui recueillent également des fonds, mais dont personne ne sait très bien quelle est leur finalité exacte, ni leur action effective sur place.

Lorsqu’il est fait appel à la solidarité de tous suite à une catastrophe (ou pour toute autre raison), et que des fonds publics sont engagés, j’estime qu’il faut impérativement fournir à la population ,de façon transparente et évolutive:

  • L’identité des structures ayant recueilli des fonds, et leur montant exact.
  • Le décompte des « frais de gestion » et des transferts d’argent réellement effectués, que ce soit par des ONG ou par les pouvoirs publics, et leur(s) destinataire(s).
  • L’obligation pour ceux-ci d’en détailler l’utilisation, quelle que soit l’origine des fonds.
  • Un contrôle strict et indépendant de tout ceci. Il est indispensable de restaurer la confiance de la population, actuellement largement entamée…

Le retour récent de Jean-Claude Duvalier dans le pays dont il fut chassé autrefois, me semble à cet égard surtout justifié par la douce odeur du dollar de l’aide internationale…

Je voudrais aussi relater mon expérience personnelle, bien que ce soit un peu hors sujet. Il y a maintenant de nombreux mois, j’ai effectué un don (minime) à une ONG. Depuis, ma boite aux lettres est encombrée presque quotidiennement par des demandes de dons d‘organismes aussi divers qu‘inconnus de moi, souvent accompagnées de petits cadeaux allant de bics, et passant par des boussoles, des loupes, des porte-clés, des agendas, j’en passe et des meilleurs. Souvent, leurs demandes sont appuyées par des dépliants et revues parfois luxueuses. Et de plus, la lettre d’accompagnement me rend directement responsable de la mort de nombreux petits enfants ou de la misère définitive de nombreuses familles si je n’effectue pas un versement immédiat au moyen du bulletin annexé.

Ce qui me chagrine, et me convainc malheureusement de ne plus jamais recommencer, c’est le coût de cette débauche de publicités et de gadgets en tous genres, qui est de nombreuses fois plus élevé que le don fait au départ …

Jo Moreau.

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2 commentaires sur “HAITI, DONS EVAPORES ET CAPITAUX ERRANTS.

  1. J’ai vu une émission récemment (sur Arte je crois, ou la 5). Il était question justement des ONG et d’Haïti.
    L’accent était mis (chose bizarre sur cette chaine) sur l’assistanat permanent de la population d’Haïti et son économie sous perfusions des aides internationales.
    Ainsi une ONG avait mise en place une pépinière pour permettre de replanter des forêts (arasées pour le bois de cuisson) et aussi de planter des bananiers et quelques arbres fruitiers.
    Tout cela fonctionnait bien tant que l’ONG était là, au dire même des bénéficiaires.
    Quand l’ONG passait avoir atteint son but, que les haïtiens pouvaient continuer seuls le travail, elle partit (dans un autre village).
    Et là immédiatement tout s’arrêta. les bénéficiaires stoppèrent le travail. la pépinière fut abandonnée. Et les champs aussi.
    Regardez les images des villes comme port-aux-princes… Un an après les ruines sont toujours là. Personne ne déblais les décombres. Et tous disent qu’ils attendent l’aide des ONG (ou de dieux)….
    Il y a un problème clairement indépendant des versement de l’aide internationale. Ce problème est que le peuple haïtien ne se prend pas en main lui même.
    Et le pire, c’est qu’ils le reconnaissent devants les caméras…

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  2. Il y a un problème clairement indépendant des versement de l’aide internationale. Ce problème est que le peuple haïtien ne se prend pas en main lui même.

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