Les évènements de ce jour démontrent une nouvelle fois l’impasse institutionnelle dans laquelle est engagée la Belgique, de par la conception essentiellement divergeante de l’Etat, entre la vision flamande du droit du sol et la vision francophone du droit des gens.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un héritage « génétique », mais bien d’un héritage historique entre la vision offensive d’une Flandre frileuse en quête de reconnaissance, et peu à peu grignotée par des populations francophones autour de Bruxelles, et une vision francophone toujours accrochée à une conception passéiste de l’Etat belge, et qui n’en peut plus de freiner de toutes ses forces la marche vers une évolution inéluctable que sa classe politique semble seule à vouloir ignorer.
Depuis longtemps, je suis convaincu que la seule chance de survie d’un Etat belge se trouve dans une structure confédérale formée de Régions-Etats, disposant chacune de pratiquement tous les pouvoirs, et finançant un Etat Central gérant la politique étrangère, la défense, la Banque Centrale, un tronc commun minimal de Sécurité Sociale et quelques coquilles indispensables sur le plan international telles que l’Agriculture, les sports etc…
Je ne suis pas le seul : il s’agissait là d’une revendication de Bart de Wever, dont je ne partage certes pas toutes les prises de position, mais qui a au moins l’avantage d’être parfaitement clair dans sa ligne politique. Et dont l’honnêteté idéologique me convient mieux que les circonvolutions sémantiques et les agendas cachés des autres partis flamands, et que l’immense force d‘inertie de leurs collègues francophones.
Il s’agit là de la seule issue pouvant nous sortir d’un carrousel institutionnel remis périodiquement sur la place publique, et dont les francophones sont les perpétuels perdants, les avancées institutionnelles étant au seul bénéfice de la Flandre, qui a parfaitement assimilé depuis de nombreuses années la tactique des « petits pas ».
D’autre part, les politiciens francophones ont toujours préféré ignorer les revendications flamandes, aussi justifiées qu’aient pu être celles-ci. Cette politique du « cause toujours mon lapin », ne pouvait déboucher que sur un clash de grande amplitude. Car ne nous leurrons pas, même si le problème de la scission de BHV devait être résolu je ne sais par quelque tour de magie, un autre motif de conflit surgira peu après, et je parierais sur la suppression des facilités dans la périphérie. Impossible direz-vous car inscrit dans la Constitution ? On prend le pari ??
Nous aurions dû accepter la grande négociation sur une nouvelle Belgique, qui tienne compte des aspirations flamandes (qui seront envers et contre tout un jour finalisées), et qui sommes toutes sont à prendre en considération même si elles ne correspondent pas à la vision francophone d’une Belgique où tous les citoyens sont partout chez eux, à condition qu’ils parlent français. Mais une négociation où tout aurait été remis à plat, car par exemple la délimitation de la frontière linguistique fut accepté par les francophones dans la perspective d’un Brabant bilingue et de l’existence des facilités linguistiques dans certaines communes. Ceci formait un package et remettre en question un seul élément aurait dû rendre obsolète l’ensemble de l’accord.
Alors, une négociation difficile ? Sans aucun doute, mais la prise en considération du désir flamand vers plus d’autonomie pouvait amener une confiance renouvelée entre négociateurs, et obliger la Wallonie à plus de réalisme et une nouvelle dynamique dans son développement social et économique. D’autre part, elle pouvait aussi récupérer des emplois représentatifs et décisionnels actuellement sacrifiés sur l’autel artificiel d’un prétendu bilinguisme. Cela suppose une frontière définitivement fixée, et des Régions-Etats pleinement compétentes sur leurs territoires.
Malheureusement, cette conception d’une nouvelle Belgique confédérale n’a aucun écho parmi les politiciens francophones, dont la volonté politique se limite à la nomination de trois bourgmestres contestés, qui rappelons-le, déclenchèrent leur action provocatrice en pleine période délicate sur le plan inter-communautaire.
Le refus de voir les réalités en face amèneront de douloureux réveils, alors que nous aurions pu réellement prendre notre destin entre nos mains, et non le laisser dériver au bon gré des politiciens de l’autre communauté.
Si nous voulons un avenir pour ce pays, il est temps d’en prendre conscience, s’il n’est pas trop tard !
D’ ACCORD ? PAS D’ACCORD ?? LAISSEZ-MOI VOTRE COMMENTAIRE !!
Jo Moreau.
Entièrement d’accord mais je crains que ce ne soit déjà trop tard à cause de l’attitude des politiciens francophones. Je partage entièrement les vues de Bart de Wever que j’ai eu le plaisir de rencontrer à plusieurs reprises. Bart de Wever est déjà dépassé par le Vlaams Belang qui exige la scission de la Belgique. Bruxelles n’aura plus qu’à demander son intégration dans la Flandre car ce n’est pas le panier percé wallon qui l’aidera.
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Bonjour Anneet, et merci pour votre commentaire.
La volonté d’indépendance du Vlaams Belang est un rêve face aux réalités européennes. De nombreux pays ayant en fait les mêmes problèmes communautaires que la Belgique verraient d’un très mauvais oeil la sécession de la Flandre. Je pense à la France avec la Corse, l’Espagne avec plusieurs régions, l’Italie avec les régions du Nord, la Grande Bretagne et l’Ecosse etc… D’autre part, les problèmes légaux sont énormes, pensez notamment à toute la procédure de rattachement à l’Euro, pour autant bien entendu que les autres pays aient reconnu cette indépendance, ce qui n’est pas gagné.
Quant au rattachement de Bruxelles à la Flandre, les nouveaux riches flamands doivent réaliser que tout ne s’achète pas…
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Mais quel avenir ?
Si la solution confédérale devait être la seul solution à une Belgique futur je serais entièrement de votre avis. Mais au contraire de ceux qui pense qu’il est trop tard je pense que la solution fédérale aurait encore une avenir si elle était supportée par une véritable volonté politique. En fait je vois trois éléments essentiels à la création d’une véritable Belgique fédérale :
D’abord un gouvernement fédéral fort, prêt à se poser en arbitre. La non action du gouvernement fédéral dans les divers dossiers qui on secouer la Belgique ces derniers mois (les bourgmestres non nommés, les accords oraux de la périphérie) prouve que le système actuelle n’est pas fonctionnel. Mais il pourrait l’être si des politiques le décidait !
Ensuite il faudrait que la Région de Bruxelles gagne en importance et en impact politique. L’un des principaux problème des tensions communautaires actuelles est la bilatéralité. Il y a deux forces qui s’opposent. Une troisième pourrait équilibrer la somme des pouvoirs. Pour que Bruxelles gagne en puissance un acte véritablement courageux pourrait être mit en œuvre mais qui découlerait d’un double abandon : la création d’une Région centrale soutenue par un Brabant bilingue. Les flamands devraient renoncé à leur idéologie du sol, les wallons (et non plus les francophones précisément) devraient dire au-revoir à leur « protectora » bruxellois.
Je sais que vous allez m’objecter qu’une refondation du Brabant bilingue est irréalisable et utopique. Il y aurait pourtant un moyen simple de la concrétisé: un référendum non pas belge mais brabançon, voir brabançon flamand. Que les gens choisissent eux même s’ils veulent vivre ensemble. Les flamands ne pourront pas aller contre la volonté des brabançons (flamand ou non) sans remettre en cause leur propre logique de l’indépendance. Si les flamands brabançons décident d’accepter un Brabant bilingue ça sera leur choix. Et s’ils en décidaient autrement alors c’est que ça n’en vaut pas la peine.
Enfin le système de partis linguistiques (unique dans son genre en Europe) doit cesser ! Comment les belges pourraient être unis si l’expression politique de leur régime ne parvient pas à dépasser les frontières de la langue ? Qu’un parti (ou même plusieurs) ait le courage de se refonder au niveau national serait le symbole que la politique peut concilier la vision flamandes et francophones.
Un gouvernement fédéral fort, un Brabant bilingue et des partis nationaux voilà une vision de la Belgique fédérale. Une confédération ? Je l’accepterais mais pas avant d’avoir fait preuve d’un peu (beaucoup) de courage et d’utopisme politique !
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J’ajouterai ceci : Jean-Luc Dehaene, vers 1993, à qui on parlait de la scission de BHV, avait dit à la tribune de la Chambre : « c’est écrit dans les astres…. »
Je me souviens que la presse francophone avait bien rigolé.
Et maintenant, qui rigole ?
De même, je crois qu’on peut dire : « le confédéralisme est écrit dans les astres ! »
Alors, nom de Dieu, qu’on le fasse tout de suite, on évitera des siècles de chamailleries.
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