JE REVE DONC JE VOTE

Ma jeunesse fut baignée du merveilleux sentiment du « tout est possible, quoique vous fassiez, la réussite est au bout du chemin ». On sortait de l’Expo 58. Les arts, la mode, l’architecture connaissaient un bouillonnement extraordinaire, les transistors nasillaient du Brassens, du Brel, du Gainsbourg, Ferré n’était pas loin et bientôt les Beatles allaient bousculer toutes les habitudes. Et au bout de la décennie, la Lune s’offrait à la fascination des petites lucarnes encore en noir et blanc.

Vision idéalisée d’une époque révolue ? Sans doute, mais je l’ai vécue ainsi, et je ne suis pas le seul.

Ce fut également l’époque des premiers conflits communautaires ouverts, des « mars op Brussel », de la découverte étonnante que les francophones n’étaient pas majoritaires en Belgique, mais Dieu merci, ils en constituaient toujours l’élite économique et intellectuelle. La certitude aussi dans la bourgeoisie bruxelloise que toute revendication flamande ne pouvait être le fait que de quelques inciviques qui avaient échappé par miracle à l’épuration, sentiment qui a d’ailleurs vaguement perduré jusqu’à aujourd’hui.

Et depuis, ces conflits communautaires ont cannibalisé l’essentiel de la vie politique belge, entre une course flamande à l’autonomie, de plus en plus insistante et intransigeante, et un autisme francophone qui a débouché sur un blocage total de tout accord raisonnable.

Le clash institutionnel que nous connaissons aujourd’hui est le résultat de l’évolution des rapports entre deux communautés qui en sont venues à s’ignorer totalement, à cimenter entre elles un mur plus infranchissable encore que le mur de Berlin. Tout ceci dans un environnement économique de plus en plus déprimant, sauf pour quelques privilégiés accapareurs.

Alors, j’attends un discours politique qui me permette à nouveau de rêver, de voir un avenir différent, des voix qui me disent : voici ce que nous voulons changer et comment nous allons le faire. Un discours dépoussiéré, réaliste et idéaliste à la fois, qui proclame : nous avons un nouveau pays à créer, une région à construire, une Europe à concevoir, une démocratie à réinventer, au boulot et retroussez-vous les manches: il faut vaincre la conjuration des impossibles. Un discours qui dise aux jeunes, oui, vous avez un avenir mais c’est à vous à l’imaginer, à le bâtir. Quittez vos consoles, ne fut-ce que quelques heures par jour, elles ne font que vous inscrire dans un monde de conformisme et de violence que l’Homme doit dépasser.

Sortez, n’écoutez pas les voix de la peur, peur de la science, des OGM, des volcans, du climat, de la grippe, du nucléaire etc…en un mot, peur du progrès. Tout en cultivant le sentiment du respect, celui de l‘autre, celui de l‘environnement.

Et j’écoute le JT de ce premier mai, le premier aussi de la campagne électorale.

Monsieur Di Rupo, dans un copier-coller de la campagne précédente, peste contre le libéralisme sans rien proposer comme alternative -suivant son habitude-, tandis que Monsieur Michel père en appelle à la responsabilité du citoyen (?!?!?!), oubliant de regarder dans son assiette.

Allons, c’est pas gagné !

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Jo Moreau

01.05.2010