VACHE QUI FLATULE, LE CLIMAT BASCULE.

Chacun a pu prendre conscience de l’importance des pets de vache dans le processus du réchauffement climatique.

Non seulement, cela a donné à certains l’idée d’imaginer un système de primes, comparable aux « certificats verts » qui finançaient généreusement les propriétaires de panneaux photovoltaïques (1), mais aussi de réunir de consciencieux colloques sur le sujet (2). (notons dans cet article l’influence des pets de vache sur la couche d’ozone : on nous a bien eu avec les CFC !).

Mais, dans une lettre ouverte parue notamment dans le quotidien belge « L’Avenir », un vétérinaire donne un avis essentiellement différent.

(1) http://www.liberation.fr/economie/2013/02/17/des-pets-de-vache-qui-valent-leur-pesant-d-euros_882480

(2) http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20130927_00366301

Jo Moreau

La responsabilité insignifiante de nos vaches dans le réchauffement climatique.

La vache mâchonnait paisiblement son repas tout en regardant nonchalamment passer le train. Les herbes qu’elle avait broutées auparavant avaient été partiellement digérées dans sa panse par des bactéries anaérobies. Elle broyait à nouveau son bol alimentaire afin d’en extraire encore davantage de substance nutritive. Tout à son travail, la vache ne se rendit même pas compte qu’elle venait de roter et de libérer, parmi d’autres gaz, un peu de méthane. Ce gaz à effet de serre, qui n’est rien d’autre que notre bon vieux gaz naturel ou notre biogaz favori, est devenu aujourd’hui le cheval de bataille des écologistes climatistes qui le présentent comme la dernière réincarnation du Mal. Tandis que l’innocence du CO2, condamné sans jugement, ni preuves scientifiques aucunes, comme responsable principal d’un hypothétique réchauffement climatique dû à l’Homme, se révèle de jour en jour plus évidente, effritant graduellement les thèses alarmistes de certains membres du GIEC (groupe d’étude de l’ONU sur le climat), il fallait absolument trouver un autre coupable. Qui, mieux que le méthane, pour faire l’affaire ?

Ce gaz, inodore et incolore, est déjà bien connu pour les nombreuses victimes qu’il a faites, depuis les mineurs de fond qui succombaient aux coups de grisou, jusqu’à la tragédie de Ghislenghien. Pauvre méthane ! On le déteste par avance. Ajoutons qu’il fait partie des gaz à effet de serre et la haine du peuple à son égard s’accroît. Le fait qu’il soit 21 à 25 fois plus puissant que le CO2 dans sa capacité à réchauffer la Terre sur une période de 100 ans est une preuve suffisante pour réclamer la peine capitale à son égard. Il faut en finir avec le méthane ou, au minimum, diminuer drastiquement sa quantité dans notre atmosphère !

Oui, mais voilà. Le méthane est notre gaz de chauffage. Il est aussi le produit de base principal de l’industrie pétrochimique qui le transforme en une myriade de produits finis, allant des médicaments aux vêtements en passant par l’automobile, les plastiques et l’informatique, sans lesquels notre société péricliterait et nous retournerions vivre à l’état de bêtes sauvages.

Bêtes, dites-vous ? Les ruminants produisent bien du méthane, non ? Pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups : en diminuant la quantité de bovins, on diminuerait la production de méthane et donc, son action sur l’augmentation de la température du globe. Mais en même temps, on inciterait les gens à manger moins de viande. C’est mieux pour leur santé, non ? Et puis, ces pauvres bêtes ne devraient plus être abattues. Un pas de plus serait franchi dans la bonne voie: tous végétariens, une direction prônée par de nombreuses ONG écologistes.

C’est dans ce sens que des calculs et statistiques savantes ont été avancées pour diaboliser encore davantage le méthane et surtout, l’élevage. Combien de blagues de potache ne voit-on pas à propos du méthane produit par nos vaches ! A ce sujet, une petite correction s’impose : nos bovins rejettent le méthane principalement (95%) en rotant. Pour cela, il vaut donc mieux être derrière une vache que devant. Les quantités de ce gaz produites par les animaux d’élevage (vaches, moutons, etc.) sont de l’ordre d’environ 115 millions de tonnes par an, soit approximativement 37 % du total produit par l’Homme chaque année. De prime abord, ces chiffres font peur et c’est leur but ! Mais que représentent-ils réellement ?

Entre 1984 et 2011, le taux de méthane dans l’atmosphère a augmenté de 170 ppb (170 molécules de méthane parmi 1.000.000.000 de toutes les molécules de gaz de l’atmosphère), c’est à dire 6,3 ppb par an ! L’humain est responsable de 55% de ces émissions, soit 3,5 ppb par an (on inclut les émissions des ruminants d’élevage aux émissions « humaines »). L’élevage de ruminants produirait 37% du méthane « anthropique », ce qui correspond à 1,28 ppb par an (1 molécule de méthane pour 1.000.000.000 d’autres). Pour le traduire en équivalents CO2, multiplions par 72 (le méthane possède un indice de réchauffement climatique de 25 sur une période de 100 ans et de 72 pour une durée de 20 ans. Même s’il est détruit en moins de 10 ans, utilisons cette valeur maximale), ce qui nous donne 92 ppb/an ou encore 0,092 ppm/an, une valeur minuscule comparée au taux de CO2 qui augmente de 2 à 2,5 ppm par an. Ce qui signifie que la contribution des rots et pets de vaches est négligeable dans les émissions « humaines » de CO², qui sont elles-mêmes dérisoires en comparaison avec les émissions de CO² par la Nature.

Ce raisonnement, qui consiste à stigmatiser l’élevage et, par conséquent, les éleveurs est donc sans fondement, mais également incohérent. En effet, la culture du riz est responsable de 20% de la production de méthane anthropique, soit une quantité équivalente à la moitié de celle produite par les ruminants (50 ppb/an). Va-t-on demander aux gens de ne plus manger de riz ?

L’innocence du CO2 dans le réchauffement climatique anthropique devenant de plus en plus évidente, diaboliser un gaz produit en si faible quantité et dont l’effet de serre global se situe dans la marge d’erreur, est donc une hérésie scientifique. En déduire et clamer à tous vents qu’il faille drastiquement réduire l’élevage de Blanc-Bleu-Belge et notre consommation de viande pour sauver la planète est non seulement absurde mais est aussi une atteinte directe à notre liberté individuelle. Manger de la viande ou non est un choix personnel. Se nourrir de riz l’est tout autant.

Que ceux qui veulent être végétariens ou végétaliens, ne manger que des lentilles ou du tofu, ne sucer que des graines de lin ou de pastèque, le fassent. Mais qu’ils respectent le choix de ceux d’entre nous qui, devant un steak juteux, salivent de bonheur. Laissez nos vaches en pet.

Didier Vanderbiest

Docteur Vétérinaire

Un commentaire sur “VACHE QUI FLATULE, LE CLIMAT BASCULE.

  1. «  » » »Mais qu’ils respectent le choix de ceux d’entre nous qui, devant un steak juteux, salivent de bonheur. Laissez nos vaches en pet. » » » »
    Il faut reconnaître que l’élevage industriel tel qu’on le connaît maintenant comporte bien des défauts à commencer par la qualité de la viande.. Pour moi, le steak juteux ça provient d’une vache de race limousine, blonde d’aquitaine, maine-anjou, charolaise etc. qui vient de poser son troisième veau et qui n’a jamais connu autre chose que de l’herbe (verte ou foin)..

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