L’Union Européenne (UE) approche maintenant du cœur de la plus grave crise de son histoire. Partout, la disparition de postes de travail s’accroit proportionnellement à l’évasion de l’industrie et des entreprises les plus diverses vers des horizons financièrement plus juteux, et sa technologie est bradée à ses principaux concurrents économiques. Le désengagement d’Arcelor Mittal à Liège notamment en est un exemple parmi tant d’autres depuis de nombreuses années.
Cette situation provoque des déclarations et des prises de position totalement en-dehors de la réalité, surtout émanant de certains milieux qui se voudraient de gauche. Ou pire encore, des nostalgiques du capitalisme d‘état qui implosa fin du xxe siècle sous les débris du mur de Berlin, victime de son impuissance économique et de ses criminelles répressions aveugles. Ainsi, certains, et non des moindres, prédisent sérieusement ou appellent de leurs vœux la fin du « système » en crise, sous-entendu du système capitaliste, alors que les pays émergents en progression économique constante et explosive, ont précisément adopté ce soi-disant système moribond pour leur propre développement.
La crise actuelle a deux causes, distinctes bien que souvent complices : le financiérisme, excroissance parasite du capitalisme industriel dont il confisque les moyens, et avant tout la mondialisation aveugle, qui a totalement faussé la concurrence internationale, et qui fut possible grâce à la complicité voulue ou non du monde politique européen.
Je m’attarderai ici sur ce deuxième point.
La mondialisation sans nuances à laquelle nous sommes confrontés, conduit à la délocalisation de nombreuses productions autrefois locales, et qui seront réimportées à bas prix pour ceux qui auront encore les moyens de les acquérir. Car il s’agit là de la véritable délocalisation. Je ne place pas sous ce vocable la production de biens destinés aux marchés locaux.
Comme corollaire, outre la destruction grandissante des emplois, nous constatons la disparition programmée du modèle social européen.
Ceci n’est possible que grâce à la complicité des dirigeants politiques des pays émergents, où la main-d’œuvre locale est pratiquement toujours exploitée à la limite de l‘esclavage, que ce soit par les salaires’offerts‘ ou par les conditions de travail.
Il est étonnant de constater qu’aujourdhui, même la Chine délocalise certaines activités en Afrique afin de rechercher les salaires les plus bas possibles et les conditions de travail les plus désastreuses. http://belgotopia.blogs.lalibre.be/archive/2009/11/21/le-partenariat-chine-afrique.html
Et ne parlons pas de l’impact écologique de l’industrialisation de pays curieusement exonérés de toute obligation à cet égard, et notamment du coût écologique du transport des marchandises exportées, grâce à la complicité étonnante des alter-mondialistes et des industriels.
Une autre conséquence, et non des moindres, de cet appauvrissement global de l’Europe, est la perte de son indépendance politique, de plus en plus soumise à des contingences commerciales et financières. Le dernier exemple est l’importance prise par la Chine dans les privatisations en Grèce.
La délocalisation répond à deux exigences : certains dirigeants de sociétés, majoritairement des PME, sont pratiquement obligés de délocaliser sous peine de disparaître sous le choc de produits concurrents à bas prix. D’autres en profitent pour accroître les bénéfices des actionnaires, mais il n’y a en aucune manière un quelconque return pour nos populations, sauf la possibilité d’acquérir à bon compte des produits parfois médiocres ou carrément contrefaits.
Certains de ceux-ci mettent d’ailleurs en péril la sécurité de nos populations. Un seul exemple: les composants électroniques d’origine asiatique des salles de contrôle des nouvelles centrales nucléaires, à la fiabilité très douteuse aux dires même des spécialistes.
Il semble évident qu’indépendamment de la crise financière à laquelle nous sommes confrontés, une gigantesque restructuration industrielle mondiale aura eu lieu, nous laissant avec une Union Européenne définitivement sinistrée économiquement et socialement.
Il existe pourtant un moyen de contrer ce scénario : Une imposition des produits et services importés, calculée au prorata du niveau social du pays exportateur.
Oui, il s’agit bien d’une forme de protectionnisme. Ce concept est combattu formellement sous prétexte qu’il serait la source de chocs en retour contre-productifs. Si cela est vrai dans le cadre étriqué d’un seul pays, il est parfaitement défendable dans le cadre d’un continent, et certaines formes de protectionnisme sont d’ailleurs appliquées par les USA, la Chine ou d’autres pays assez vastes pour présenter une production industrielle et un marché intérieur suffisamment étoffé.
Comme je le propose, il s’agit de rétablir une véritable concurrence basée sur des critères objectifs, susceptible de ramener dans les frontières européennes un tissu industriel digne de ce nom et un renouveau de l’esprit d’entreprise.
Elle contribuerait aussi à l’amélioration notable des conditions de vie des habitants de ces pays exportateurs , dont les gouvernants et industriels auront intérêt à se voir dégrèver de cette taxe le plus rapidement possible.
Quand on parle de niveau social, il faut notamment prendre en considération :
- Le niveau du salaire.
- La législation sur les heures hebdomadaires de travail, de congés obligatoires et l‘interdiction du travail des enfants.
- La possibilité d’accéder aux soins de santé.
- L’accès à un revenu de remplacement temporaire en cas de perte d’emploi ou d‘arrêt définitif de travail.
Un coëfficient sera imputé à chacun de ces points, dont la somme déterminera le taux de taxation imposé à l’importation dans l‘ UE.
Cette taxe serait appliquée sur tous les produits finis ou composants provenant de ces pays extra-européens, ainsi que sur les services à destination des consommateurs européens. Le taux pourra être revu à la demande du pays concerné.
Pourront être exonérés de cette taxe, en tout ou en partie, les produits en provenance de pays ayant adopté une législation ad-hoc , ou proposant un calendrier à respecter dans des délais chiffrés pour atteindre ces objectifs.
Les matières stratégiques ou n’ayant pas de concurrence possible en UE pourront également être exonérés de cette taxe.
Il ne s’agit donc nullement d’un protectionnisme bête et méchant, mais simplement d’une remise à niveau des normes d’une véritable concurrence mondiale.
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Jo Moreau.