LA COMPAGNIE DES WAGONS LITS

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Par ses ingénieurs et financiers, la Belgique fut une véritable pionnière des chemins de fer dans le monde, non seulement dans le lancement de lignes à travers les cinq continents, mais aussi dans la construction de matériel ferroviaire.

L’aventure la plus mythique fut cependant écrite par la COMPAGNIE INTERNATIONALE DES WAGONS-LITS.

A l’origine de sa création se trouve le liégeois Georges Nagelmackers. Il naît en 1845 dans une famille de banquiers actifs depuis 1747.

En 1867, il entreprend un voyage en Amérique, et durant ses déplacements dans le nouveau monde, il fut très impressionné par les wagons particulièrement confortables conçus par un certain Pullman notamment des voitures-lits, qui furent suivies en 1868 par des voitures-restaurant. Ce matériel permettait des voyages de longue durée, de dormir dans des draps et de déjeuner sans devoir s‘arrêter à des buffets de gares. Il prend alors conscience des possibilités qui s‘ouvrent en Europe en ce domaine, mais aussi des difficultés pour traverser les nombreuses frontières, élevées par des pays parfois antagonistes et très soucieux de leurs prérogatives.

A son retour, il prend contact avec des opérateurs de chemin de fer pour examiner la façon de concrétiser ses idées, et en 1872, il conçoit de concert avec William Mann la première voiture-lit qui est présentée la même année à l’Exposition Internationale de Vienne. Il obtient en 1873 sa première autorisation d’exploitation sur la ligne Ostende-Vienne via Paris et Berlin. Le premier convoi est constitué de voitures construites en Autriche.

Le 04 décembre 1876, il fonde devant le notaire Van Halteren la « Compagnie Internationale des Wagons-Lits », qui aura son Siège Social à Bruxelles, et qui compte parmi ses principaux actionnaires le Roi Léopold II.

Il dispose bientôt d’une flotte de voitures de grand luxe, susceptibles d’être attelées à des convois classiques ou de former des trains complets. Les accords de circulation sont obtenus entre Ostende-Cologne, Ostende-Berlin et Paris-Berlin, évitant ainsi le changement de voiture aux frontières . Les lignes vont se multiplier, et en 1882 il met en service la première voiture-restaurant entre Marseille et Nice. Le succès est au rendez-vous, et ce sera le lancement des trains spéciaux composés uniquement de voitures de la CIWL, ce qui justifie en 1884 la nouvelle raison sociale qui devient «  COMPAGNIE INTERNATIONALE DES WAGONS LITS ET DES GRANDS EXPRESS EUROPEENS ».

Un grand nombre de ses trains deviendront célèbres, et parmi eux le plus mythique fut certainement l’Orient Express, sur la ligne Paris-Istanbul, prolongé par le Taurus Express jusque Bagdad. Il servit de décor à de nombreux romans et films, dont le célèbre « Le crime de l’Orient Express » écrit par Agatha Christie.

D’autres lignes célèbres furent le Calais-Méditerranée (futur Train Bleu), la Malle des Indes (Bombay Express), Le Caire Louxor Express, le Transmandchourien Express, l’Etoile du Nord et les premières 2e classe sur un train de luxe, le Londres-Vichy, l’Oiseau Bleu, le Nord Express, le Pyrénees Côte d’Argent parmi plus de 30 lignes sur plusieurs continents … La CIWL fut également partie prenante au lancement du Transsibérien vers la Chine et le Japon.

Pour ses voyageurs, il construira des hôtels prestigieux à ses principales villes-terminus, parmi lesquels le Pera Palas à Istanbul en 1892, le Royal Palace Hôtel à Ostende, les hôtels Terminus à Bordeaux et Marseille, le Grand Hôtel à Pékin et à Saint Petersbourg. Ceci se concrétisera via une filiale de la CIWL : LA COMPAGNIE INTERNATIONALE DES GRANDS HOTELS.

La guerre de 14-18 fut un premier frein à l’expansion de la compagnie, dont les activités continuèrent cependant en fonction des alliances conclues par les pays traversés. Notons ici la destinée particulière de la voiture-restaurant 2419D. Celle-ci fut réquisitionnée, transformée en voiture-bureau et incorporée au train du Grand Quartier Général français mis à disposition du Maréchal Foch. C’est dans cette voiture, amenée dans la forêt de Rethondes, que fut signé l’armistice de 1918. En 1940, Hitler voulut « effacer » cet épisode en y faisant acter la capitulation de la France, et la voiture fut ensuite transférée à Berlin pour y être exposée. Elle fut détruite par les SS quelques jours avant la fin du conflit, sur ordre du Führer.

La première guerre mondiale terminée, l’expansion reprit de plus belle, avec du matériel de plus en plus luxueux et représentatif du style « Art Deco » alors très à la mode. Tout ce que le monde comptait de têtes couronnées, d’aristocrates, de gens connus, en un mot la « jet-set » de l’époque était la cliente assidue du Simplon Orient Express.

Après 1945, le matériel de la compagnie avait subi de très lourdes pertes, et la nouvelle division géo-politique mondiale, la disparition d’une partie de la clientèle fortunée et la concurrence du transport aérien devait amener peu à peu la disparition de plusieurs lignes et le déclin de la compagnie. Elle fut toutefois partenaire dans la création en 1957 des Trans-Europ Express.

La CIWL qui avait aussi absorbé l’agence Thomas Cook en 1927 pour former le premier réseau mondial d‘agences de voyages sous le nom de « Wagons Lits Cook » , fut reprise en 1991 par le groupe français Accor et en 2007, les trois derniers services de voitures-lits de la compagnie disparaissent, pour laisser subsister des seules activités de restauration et de services sur le réseau ferroviaire.

Les ateliers de la CIWL étaient établis dans l’arrière-port d’Ostende, sur l’axe Londres-Méditérranée, ligne à l’origine très prisée pour gagner les Indes. La fonction de ces ateliers était l’entretien du matériel. Ils réalisèrent notamment la récente remise en état du matériel en bois , retrouvé parfois dans un état déplorable aux quatre coins de l‘Europe. Les travaux portèrent sur les travaux de menuiserie, ébénisterie, de marquetterie, laquage des boiseries et tôlerie, alors que la décoration intérieure était réalisée à Paris. Ils cessèrent toute activité en 2006.

Car dans un but de tourisme de luxe, un convoi est remis épisodiquement en service entre Paris et Venise sous le nom de Venice Simplon Orient Express, avec des voitures des années 20 dont 4 sont classées monument historique. Il s‘agit de l‘initiative de James Sherwood, un industriel américain richissime.

La Banque Nagelmackers, quant à elle, exista sous son nom jusqu’en 2001, année ou elle fut intégrée au groupe Delta Lloyd.

Il est aujourd’hui question d’un projet porté par des anciens collaborateurs de la Compagnie des Wagons Lits. Il s’agirait de relancer un projet de trains de luxe vers des destinations de sports d’hiver en Autriche et en France, au départ de Bruxelles-Midi, service destiné à des consommateurs recherchant confort et sécurité. Les premiers départs sont annoncés pour mi-décembre 2010. Suivraient ensuite des trains d’été. A suivre donc…

http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/605164/train-ski-nouvel-acteur-en-piste.html

Jo Moreau

3 commentaires sur “LA COMPAGNIE DES WAGONS LITS

  1. Dear Sirs:
    I am trying to find a business history of the CIWL, which would give me a good sense of the history and evolution of the company. I read in both French and English.
    However, other than George Behrend’s excellent, « Grand European Expresses, » I have not been able to find anything other than coffee table books which have little in depth historical substance. As well, I have been unable to obtain in North America a copy of Roger Commault’s biography of George Nagemackers.
    Would you have a reading list on the subject?
    Finally, I will be visiting in Europe in the spring and could come to Belgium if this would be of use.
    Merci
    Barry Lane

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  2. Bonjour Barry,
    Malheureusement, je ne pourrai pas vous aider. J’ai en effet trouvé tous les éléments de mon post sur internet, et j’ai aussi constaté qu’il existe assez peu de documents fiables, et ils sont parfois contradictoires. Les recherches furent donc assez longues.
    Désolé donc, et je vous souhaite bonne chance dans vos recherches !
    Jo.

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  3. Plusieurs livres ont été édités sur la Compagnie des Wagons-Lits. Le livre de Roger Commault est devenu difficile à trouver,
    j’ai eu la chance de trouver un exemplaire sur eBay il y a quelques années. Le livre le plus documenté est assez récent : « La Compagnie Internationale des Wagons-Lits » par Alban Guizol, édité par La Régordane, Le Villard, B P 3,
    F 48230 Chanac. Il s’agit de l’édition d’une thèse en doctorat à la Sorbonne. Très complet et intéressant !
    Jean-Jacques

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