MURAKAMI A VERSAILLES, ou le touriste grugé.

L’exposition d’œuvres contemporaines (que je n’ai pas vue) de l’artiste japonais Murakami dans les salles du château de Versailles provoque en France une polémique assez musclée. http://www.lesoir.be/culture/arts_plastiques/2010-09-13/murakami-plante-ses-bouddhas-et-ses-fleurs-a-versailles-792929.php

Lors de mes pérégrinations touristiques dans ce beau pays, il m’est arrivé à de trop nombreuses reprises d’être confronté au détournement de lieux historiques en faveur de manifestations aussi diverses que dégradantes (au sens paysager du terme). Le problème existe d’ailleurs aussi en Belgique, et je suppose dans d’autres pays que je n’ai pas le plaisir de connaître.

Je suis amateur de vieilles pierres, et de la magie qui s’en dégage. Me balader dans ces lieux parmi les fantômes de ses occupants d’il y a quelques centaines ou milliers d’années, me procure une émotion toute particulière. Cette année, je visitais le château de Biron, fabuleuse forteresse médiévale aux confins du somptueux Périgord. Mais ô horreur, les espaces libres à l’intérieur des remparts et certaines de ses salles, étaient parsemées de sculptures contemporaines monumentales de matrones gisant dans des positions pour le moins saugrenues.

Je ne porterai bien entendu aucun jugement de valeur sur cet artiste en particulier, et sur l’art contemporain en général. Mais je me pose la question de savoir à qui profite cette confusion des genres. Il y a tout d’abord le fait d’imposer à un public béotien, un étalage d’art très typé, qu’il n’est pas venu voir. On peut rapprocher cela aux tags qui fleurissent sur les murs de certaines de nos villes. Certains y voient une forme d’art, d’autres -dont je suis- , y voient du vandalisme pur et simple.

Et bien, j’estime qu’imposer une expression artistique élitiste et polémique, en totale inadéquation avec un lieu historique est -de la même manière- parfaitement assimilable à du vandalisme.

Je me pose aussi la question de savoir qui décide du choix de telle ou telle manifestation dans des lieux historiques, et sur quelles bases ce choix est tranché.

Mais que dire alors de l’exposition de gradins métalliques et de matériel de sonorisation dernier cri qui dénaturent totalement les arènes et autres espaces, qu’ils soient romains ou d‘autres époques, que ce soit à Arles , Nîmes, Vaison-la-Romaine ou ailleurs. Quand l’accès n’en est pas tout simplement interdit, sous prétexte de répétition en cours.

Cela m’est arrivé à plusieurs reprises, et notamment il y a trois ou quatre ans, lorsque je fis près de trois heures de route pour visiter la forteresse de Bonaguil. J’avais pourtant vérifié les jours et heures d’ouverture, mais l’accès m’en fut interdit (ainsi qu’aux autres touristes) sous prétexte de préparation d’un spectacle.

Le comble me semble cependant atteint avec la dénaturation complète des arènes de Fréjus, dont le lien ci-dessous vous informera plus complètement : http://www.lefigaro.fr/culture/2010/08/26/03004-20100826ARTFIG00349-du-beton-dans-les-arenes-romaines-de-frejus.php

Je suis conscient du fait que l’entretien de ces monuments nécessite des budgets considérables, et que toutes nos villes ne peuvent devenir des villes-musées.

Mais lorsque ces municipalités attirent des dizaines de milliers de visiteurs sur base de cette réputation, qu’en plus des subsides de l’Etat elles fassent payer des droits d’entrée parfois très élevés pour le budget du touriste moyen qui désire visiter ces monuments, et qui n’ont de cesse de les dégrader de mille manières, cela frise l’escroquerie.

Autres billets dans la catégorie « Loisirs ».

D’ ACCORD ? PAS D’ACCORD ?? LAISSEZ-MOI VOTRE COMMENTAIRE

Jo Moreau

2 commentaires sur “MURAKAMI A VERSAILLES, ou le touriste grugé.

  1. A propose de l’art « contemporain » (nous sommes tous contemporains) :
    Et pourquoi ne pas porter de jugement sur ce qui est une décadence, une absence, une immense rigolade que l’Histoire remettra sans aucun doute à la place qui lui revient ?
    Pensez-vous qu’il faille rester ainsi bouche bée, tels les spectateurs de la fable du « Roi nu », qui n’osent se prononcer sous peine de paraître fou ?
    Au contraire, portez un jugement, allez donc plus loin que l’atteinte aux vieilles pierres, parlez-nous aussi de l’insulte à l’intelligence humaine.
    Il n’est de pire collaboration à l’inepte que le silence et la neutralité.
    Cordialement,
    Hermine

    J’aime

  2. Bonjour Hermine, et merci pour votre commentaire.
    Mon billet ne se voulait pas un jugement sur l’art « contemporain », mais sur la déception d’un touriste moyen devant le détournement de certains sites fameux. Ceci dit, je n’aime pas l’art dit « contemporain », qui n’est à mon avis qu’un motif de disgression pour intellos fumeux et pour galliéristes spéculatifs. Il ne faut pas non plus jeter le bébé avec l’eau du bain. Par exemple, les sculptures que j’ai vues à Biron étaient intéressantes, si elles étaient placées dans un cadre approprié et non en total décalage avec un environnement qui les dévalorisait. Je ne peux dire que ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Mais en tant que grand admirateur de l’Art Nouveau, qui était tout à fait décrié dans ma jeunesse, -on l’appelait l’art nouille-, je suis prudent dans les jugements définitifs.

    J’aime

Les commentaires sont fermés.