LA TECHNIQUE DES PETITS PAS

« Ce qui passe a été et sera, et passe du prétérit au futur par un présent imperceptible » Fénélon.

Il est toujours intéressant de se référer à l’Histoire, qui permet parfois (et même souvent) de décrypter le déroulement d’évènements récents, car tout compte fait, il n‘existe pas un nombre illimité de moyens d‘arriver à ses fins.

Sans remonter à Mathusalem, il est passionnant de se remémorer le déroulement de la crise tchécoslovaque, dans l’immédiate avant-guerre, et la façon dont le Chancelier Hitler parvint à imposer sa volonté à une coalition de dirigeants européens assoiffés de compromis.

Qu’est-ce que la Tchécoslovaquie en 1938 ? Un pays formé principalement de deux nations qui furent longtemps séparées, augmentées de nombreuses minorités dont trois millions de germanophones, les Allemands des Sudètes, appelés plus simplement les Sudètes. Dans un premier temps, soit les années 20 et le début des années 30, ceux-ci, tout en réclamant leur rattachement à l’Allemagne, se répartissaient dans l’éventail des partis de l’époque, sociaux-démocrates, sociaux-chrétiens, communistes etc…

Puis survint en Allemagne l’émergence du parti national-socialiste, instrument de la politique expansionniste de Hitler. Dès 1933 se créa un parti frère dans les Sudètes, qui recueilli de plus en plus de voix au fil des élections, pour triompher lors des élections de 1938, où le parti Nazi recueilli plus de 97% des suffrages.

En 1938, nous sortons de l’Anschluss, imposé à une population autrichienne largement consentante malgré l’opposition vite réprimée d’une fraction de la classe politique, et sans réaction notable des puissances européennes.

Vint alors la technique des « petits pas », menée de main de maître par Hitler et son allié sudète, Conrad Henlein. A chaque concession du gouvernement tchécoslovaque répondait de nouvelles exigences allemandes, rendant impossible tout accord.

Par la voix de Henlein (au congrès de Breslau) , l’Allemagne exigea d’abord l’autonomie territoriale et ethnique des Sudètes, ce qui fut dans un premier temps repoussé par le gouvernement tchécoslovaque qui se montrait toutefois disposé à des concessions.

En septembre, devant l’aggravation de la situation, et vivement influencé par la Grande-Bretagne et la France, le gouvernement tchèque fit des contre-propositions à Henlein que celui-ci, pressé par Berlin, refusa en élargissant ses exigences.

Ainsi, peu à peu, chaque fois que Prague acceptait de lâcher du lest, les nazis présentait de nouvelles exigences chaque fois plus étendues. Hitler s’impatientait et Chamberlain, Premier britannique, fit deux voyages successifs en Allemagne en vue d’éviter le pire. Nous en arrivâmes ainsi à la conférence de Munich, de sinistre mémoire, entre l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et la France, en l’absence du principal intéressé, la Tchécoslovaquie, à qui on imposa la cession pure et simple du territoire des Sudètes au troisième Reich en échange de garanties franco-britanniques. Mais là n’était pas le but ultime de l’Allemagne, qui sous le couvert des tendances séparatistes de la Slovaquie qu’elle manoeuvrait en sous-main, finit par annexer militairement l’ensemble du territoire tchécoslovaque sans provoquer aucune réaction.

Dans la crise tchécoslovaque comme dans d’autres crises d’avant-guerre, la tactique des petits pas, voulant qu’à chaque concession réponde de nouvelles exigences, permit à Hitler d’accomplir sa volonté politique sans tirer un coup de fusil. Et lorsque la guerre éclata, c’est encore lui qui en écrivit le scénario.

Les puissances européennes qui n’avaient pas pu -ou pas voulu- discerner le but ultime du Chancelier du Reich, furent en définitive les victimes de sa grande manipulation.

A vous d’établir des parallèles avec des situations existantes, ou ayant existé, ce qui ne sera pas difficile car la technique démontre chaque jour son efficacité …

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Jo Moreau

2 commentaires sur “LA TECHNIQUE DES PETITS PAS

  1. Bonjour Aldebaran,
    Content que vous repreniez votre « plume » après les vacances.
    C’est aussi à cette époque qu’on prête à Churchill cette citation (avec quelques variantes selon les sources) :
    Ils ont choisi le désonheur pour éviter la guerre, ils auront le désonheur et la guerre.

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