ELECTIONS…ET MAINTENANT ?

Le clash annoncé a bien eu lieu : environ 50% des Flamands ont voté pour des partis peu ou prou autonomistes, et ce en additionnant les voix de la NVA, du VB et de la LDD.

Il est inconcevable que ce résultat ait pu étonner les politiciens francophones, et démontre ce que je dénonçais dans mes billets précédents : une méconnaissance crasse des attentes d’une majorité des habitants du Nord de ce pays. Ils ont tous démontré leur incapacité à gouverner, car gouverner c’est prévoir. Leur indigence est d’autre part affolante quand on pense aux défis futurs que nous réserve la crise économique…

C’est principalement cette volonté de ne rien entendre qui a poussé une importante fraction des citoyens flamands dans les bras des plus jusqu’au-boutistes.

Le réveil est brutal pour ceux qui étaient endormis depuis longtemps sur leurs certitudes : la supériorité de la langue française qui se suffit à elle-même, justifiant le front des francophones abandonné à la direction exclusive de Monsieur Maingain, dont l’essentiel du programme politique consiste à s’opposer à toute demande flamande, quelle qu’elle soit.

Et aujourd’hui, on est prêt à accorder à la NVA et à BDW ce qu’on a toujours refusé aux partis flamands modérés : de vraies négociations institutionnelles. Mais nous ne nous trouvons plus face à des Belges néerlandophones, mais à de vrais nationalistes dont le but final est bien de larguer la Wallonie, dont il n’ont rien à cirer. Et pour sauver la face, tout le monde découvre aujourd’hui un De Wever devenu subitement parfaitement fréquentable, et dont la morgue pourtant n’a d’égal que le mépris dont les francophones tenaient jadis les Flamands…

Croire que celui-ci a modifié ses objectifs serait une profonde erreur, et d’ailleurs BDW n’a en rien renié son discours autonomiste, il y introduit simplement une notion de délai.

Ceci ne signifie pas que les Flamands sont de doux petits anges incompris, car le discours tenu par leurs hommes (et femmes..) politiques ont également une large part de responsabilité dans la situation que nous connaissons. Un discours qui s’est radicalisé dans la mesure où le nationalisme flamand a remplacé dans la majorité de la population flamande, un nationalisme belge « soft », qu’on a préféré occulter complètement au nom de je ne sais quelle idéologie humaniste qui n’a cours que chez nous. Il s’agissait là d’une erreur fondamentale qui est, parmi d’autres, à la source de l’estompement de l’idée nationale belge.

S’il a toujours existé dans l‘histoire de la Belgique, bien qu’au départ il fut simplement réformiste, le sentiment autonomiste flamand n’a jamais été aussi fort qu‘actuellement, même lors des meilleurs scores du Vlaamsch Nationaal Verbond, qui eut 16 élus en 1936 avant son virage néo-belge vers la fin de la guerre, ou de la Volksunie qui compta 21 députés, après toutefois qu‘elle aussi ait abandonné ses rêves autonomistes.

Jamais, la réputation autoproclamée de pays du surréalisme n’a autant justifié cette appellation : voir un républicain autonomiste chargé par le Roi de « sauver le brol », comme disait un certain Prince-Régent juste après la guerre, en est la parfaite illustration.

Quelle sera la suite ? Je n’en sais fichtre rien. La seule chose dont je sois certain, c’est qu’il faut aller très loin dans la réforme des institutions, vers un fédéralisme très élaboré (pour ne plus parler de confédéralisme, qui fait hurler les puristes). Si nous nous nous satisfaisons une nouvelle fois de demi-mesures, nul doute que la prochaine étape sera très douloureuse.

Voir aussi : http://belgotopia.lalibreblogs.be/archive/2009/11/05/rebatir-la-belgique.html

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Jo Moreau

2 commentaires sur “ELECTIONS…ET MAINTENANT ?

  1. Je partage votre constat sur la nullité des dirigeants francophones, mais que dire de ceux qui les élisent… n’avons nous pas les gouvernants que nous méritons?
    Par contre, je ne partage pas votre avis quant à l’aventure séparatiste de la Flandre: cela leur coûterait bien trop cher…
    Ce que veulent les flamands, c’est le contrôle de la SA Belgique. Ils veulent gérer la Belgique comme ils l’entendent du fait de leur majorité numérique.
    Pourquoi casser la vitrine qui leur rapporte tant?
    Pourquoi renoncer à une sécu fédérale alors que les jeunes wallons et bruxellois paieront bientôt pour les vieux flamands?
    cfr. http://pourquoipas.blogs.lalibre.be/archive/2010/06/18/bart-de-wever-l-option-anschluss.html#comments
    Le seul moyen que les francophones aient d’éviter cela, c’est d’aller MAINTENANT au clash avec les flamands, nationalistes ou non et de leur mettre la pression pour qu’ils nous permettent enfin d’avoir les moyens économiques et politiques de nous assumer: dans un état (con)fédéral, ou, seuls, si c’est nécessaire.
    Si nous cédons maintenant sur BHV, c’en est fait de Bruxelles et de la Wallonie. Si nous cédons sur BHV, rien ne pourra empêcher les flamands d’étouffer (économiquement) puis d’annexer Bruxelles. Et sans elle, ni sa périphérie francophone, je vois mal la Wallonie s’en sortir toute seule…
    Bien à vous,
    Soltan Griss

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  2. Bonjour Soltan et merci pour votre visite.
    Je suis assez d’accord avec vous, dans le sens où aucune des trois régions n’a avantage à voir disparaître l’état Belgique. Par contre, je suis convaincu que seul un modèle (con)fédéral doit être envisagé, comme je le défend depuis très longtemps. Par contre, ce modèle n’est viable que si on admet le principe de régions homogènes, et doit voir disparaître à terme les « facilités » que nous connaissons aujourd’hui. Cela est ainsi, à ma connaissance, dans les autres états fédéraux tels que le Canada et la Suisse. J’estime comme vous que la région de Bruxelles a besoin de s’aérer vers la région wallonne. Je ne comprends pas pourquoi les politiciens francophones ne rappellent pas que le tracé de la frontière linguistique a été accepté sur base de l’existence de BHV, que cela formait un package, et bien sûr que la remise en cause d’un seul élément de ce package remet en question la totalité.

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