Je ne résiste pas à l’envie de reprendre quelques éléments d’un article paru dans le Quotidien du Peuple, de Beijing, le 17 novembre, sous le titre « Il sera possible que la Chine remplace l’Europe pour devenir le plus important partenaire de coopération de l’Afrique ».
Il s’agissait de rendre compte du rapport du Congrès des Syndicats du Ghana, qui s’est tenu à Accra le 12 novembre. Sur base d’enquêtes menées dans dix pays africains, soit l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Angola, le Kenya, le Ghana, le Botswana, la Zambie, la Namibie, le Zimbabwe, le Malawi.
On y constate que le volume global du commerce sino-africain est passé de 11 milliards de dollars en 2000 à 107 milliards de dollars fin 2008..
Plus surprenants, toutefois, sont les commentaires émis par Anthony Yaw Baah, secrétaire général adjoint du Congrès des syndicats du Ghana, et dont voici un florilège.
« La demande croissante de produits africains par la Chine a poussé à la hausse des prix de ces produits, ce qui est favorable à la croissance des exportations africaines, mais la concurrence entre les produits chinois importés et les produits locaux conduit à des conditions défavorables pour ces derniers sur les marchés locaux.
Les entreprises chinoises installées en Afrique introduisent et utilisent un trop grand nombre d’ouvriers chinois et n’utilisent pas assez de main-d’œuvre locale. Des problèmes de communication font que ces entreprises chinoises adoptent une attitude hostile aux syndicats locaux.
Cependant, les enquêtes menées par l’AROA (Association de Recherches des Ouvriers Africains) dans les dix pays mentionnés ci-dessus sont unanimes à déclarer que c’est seulement en utilisant des ouvriers chinois qu’on peut garantir la qualité des travaux et le respect des délais d’exécution. C’est pourquoi il sera peut-être utile aux syndicats des pays concernés de traduire en chinois leurs lois respectives sur le travail et les travailleurs afin de permettre aux entreprises chinoises de respecter les lois locales. Les Chinois pourront apprendre la langue locale, tandis qu’il est nécessaire pour les habitants locaux d’apprendre le mandarin afin de pouvoir développer les échanges avec les Chinois.
Il a terminé en déclarant que les relations avec l’Europe n‘ont apporté aucun bénéfice à l‘Afrique, au contraire des relations « win-win » avec la Chine, qui est un partenaire sincère. C’est pourquoi l’Afrique pourra considérer la Chine comme un possible remplaçant de l’Europe. »
Je suppose que le deuxième « win » n’est pas perdu pour tout le monde. Cet article est révélateur du type de « coopération » envisagée entre la Chine et l‘Afrique, avec l’aval d’autorités locales -en l’occurrence des syndicats- et je crains qu’à leur niveau, les populations africaines ne soient un jour déçues par les retombées espérées du fait de ce partenariat si prometteur… La réaction de nombreux petits commerçants de Kinshasa à l’égard de commerces chinois -de plus en plus nombreux à s’implanter en RDC- est révélatrice à ce sujet.
D’autre part, je n’ose imaginer la levée de boucliers qu’aurait soulevé ce type de relation si un pays européen l’avait appliqué en Afrique en 2009 !
Enfin, je présume que dans le futur, l’Europe aura toujours le droit d’y envoyer ses ONG !
Jo Moreau
LAISSEZ-MOI VOS COMMENTAIRES…!