L’ARMEE EUROPEENNE : UNE UTOPIE

Depuis la récente rupture d’alliance avec les USA, j’entends avec scepticisme un aréopage de politiciens européens appeler de leurs vœux l’idée d’une armée européenne.

Le concept, pour séduisant qu’il soit, apparaît totalement irréaliste dans un avenir à moyen terme et ce, pour plusieurs raisons.

La principale à mon sens, est l’absence d’une politique commune européenne sur le plan international, pour la simple et bonne raison que l’Europe n’est pas un Etat, et encore moins une nation.

Chacun des pays européens a connu un passé historique qui lui est propre, les pays composant l’actuelle Union Européenne ont des attirances politiques, commerciales ou stratégiques divergentes, et sont plus ou moins attirés soit par l‘Est, soit par l‘atlantisme, soit par un neutralisme affirmé. Et dans chacun de ces pays, cette orientation peut encore s’inverser au gré des élections, portant tel ou tel parti au pouvoir.

Sur quelles bases dès lors déciderait-on d’une intervention militaire sur un théâtre étranger ? S’attendre à ce que la Lettonie ou la Pologne soit d’accord avec la Grèce ou l’Espagne pour engager des troupes quelque part dans le monde avec un plan d’action commun et surtout un plan de sortie de crise approuvé par tous, me parait un rêve futuriste bien loin de la réalité politique européenne…

Je n’en veux pour exemple que certains cas d’opérations militaires communes entre la France et la Belgique comme à Kolwezi par exemple, ou encore au Rwanda lors du génocide de 1994, où les divergences politiques entre les deux pays furent renforcées par un mandat onusien totalement irréaliste.

Il faudra aussi des équipements et une logistique commune, ce qui n’est pas près d’être réalisé au vu de la panoplie d’ armements actuels qui tient compte des intérêts industriels et politiques de chacun des pays concernés. Rien que l’harmonisation des matériels aériens pourrait prendre 20 à 30 ans.

L’initiative précipitée de ce 17 février 2025 du président français Emmanuel Macron, d’une conférence ( ?) dans le cadre du conflit ukrainien et du repositionnement politique et stratégique des USA, qui visait à définir le cadre d’une éventuelle intervention militaire européenne en Ukraine, a eu pour unique résultat de démontrer de façon éclatante les divisions, sinon les oppositions entre les dix pays invités. Sans parler de ceux qui n’étaient pas conviés.

Alors, je pense que sous peine d’impuissance totale sur le plan politique, économique et stratégique, qu’elle connait déjà partiellement ou totalement, l’UE doit impérativement revoir ses ambitions à la baisse, en tenant compte des réalités passées et actuelles, et redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un marché commun uniquement économique, et renoncer à toute ambition mondiale morale, politique ou militaire.

Et laisser les pays membres nouer librement entre eux des alliances politiques et stratégiques ponctuelles au gré des événements mondiaux (Ce qui s’est d’ailleurs déjà produit à plusieurs reprises).

Plutôt que de courir derrière une hypothétique armée européenne, et devant une possible dissolution de l’OTAN, nous ne pouvons militairement faire face à une possible invasion. La résurgence d’un réseau équivalent à ce que fut « Gladio » ou « stay behind » lors de la guerre froide me semble alors  judicieux pour bon nombre de pays européens, parallèlement à leur armée nationale.

Jo Moreau

Illustration : NATO defense college foundation

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ? VOS COMMENTAIRES SONT BIENVENUS.

BIENVENUE EGALEMENT SUR MA PAGE FACEBOOK :

Laisser un commentaire