DES MILLIERS DE TONNES DE MUNITIONS FACE A KNOKKE-HEIST ET ZEEBRUGGE

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A la fin de la première guerre mondiale, de grandes quantités de munitions sont abandonnées sur les champs de bataille de Belgique, principalement en Flandre. Devant leur accumulation dans les dépôts organisés, et le danger présenté par leur traitement qui occasionne de nombreux accidents, dont l’explosion de trains entiers de munitions, l’inquiétude grandit dans la population. Il fut alors décidé de procéder à leur immersion au large des côtes de Knokke-Heist et Zeebrugge, sur le banc de sable appelé Paardenmarkt . Malgré les cartes marines qui renseignaient approximativement l’emplacement de ce dépôt, ce fait fut longtemps sous-évalué, les archives militaires belges ayant d’abord été ramenées en Allemagne durant la deuxième guerre mondiale et ensuite dirigées vers l’Union Soviétique. Elles ne furent restituées (en partie) à la Belgique qu’en 2002, contre un versement de 150.000 euros à l’Etat russe.

Après la découverte fortuite d’explosifs en 1971, c’est en 1972 que des plongeurs démineurs de la Force Navale belge purent définir plus exactement les zones concernées, qui s’étendent sur 3 km2, à une distance de 300 mètres à 1500 mètres de la côte. Elles sont depuis interdites de pêche et d’ancrage. La quantité immergée est estimée dans une fourchette de minimum 35.000 tonnes à des quantités bien plus importantes, de 50.000 à 200.000 tonnes d’explosifs et de munitions diverses selon les sources, dont au moins un tiers de munitions aux gaz toxiques comme l’ypérite (le gaz moutarde), la chloropicrine, le diphosgène et de composés de l’arsenic (clark).

Une partie de ces munitions est maintenant recouverte d’une couche variable de sédiments, entre 10 cms et 4 mètres, évoluant en fonction des marées, des courants et des travaux portuaires. Elle se trouve sous une profondeur d’eau d’ environ 2 à 5 mètres. Les quelques bombes remontées en 1972 étaient dans un état de conservation remarquable. On estime que le danger présenté par les munitions au gaz toxique est relativement réduit, au vu de l’étalement dans le temps de la corrosion des obus qui pourrait prendre plusieurs centaines d’années, et de la dilution des éléments toxiques dans de grandes quantités d’eau, à moduler toutefois en fonction du gaz concerné . On ne connait pas en revanche l’évolution de ces munitions dans le futur, ni la réaction qu’entraînerait par exemple l’échouage d’un navire sur ce dépôt, scénario qui reste envisageable en cas de forte tempête, ou de manoeuvre manquée. Ainsi en 2001, un porte-container s’échoua non loin sur la plage.

 

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Certaines sources signalent toutefois qu’après le déversement de munitions au gaz moutarde dans la mer Baltique, il fut constaté qu’il ne s’échappait pas sous forme de gaz, mais de masse poisseuse qui peut dériver ainsi pendant des années. Des brûlures graves furent occasionnées à des baigneurs allemands, ainsi qu’à des pêcheurs polonais. Au Danemark, près de quatre cents pêcheurs ont été grièvement brûlés par des bombes chimiques rapportées dans leurs chaluts. Sur les sites d’immersion, les poissons sont atteints de tumeurs, ne peuvent plus se reproduire. Toutes les moules de la mer du Nord présentent des traces de toxines.

Chez nous, il n’est pas prévu de procéder à l’enlèvement de ces munitions, au vu du danger que représenterait cette opération, du risque de diffusion de gaz toxique, du coût du stockage et du traitement de ces munitions s’ajoutant à la quantité non négligeable (environ 200 tonnes) qui est récoltée annuellement dans les champs de Flandre. Des démineurs traitent les munitions trouvées dans les champs flamands au centre de démantèlement de l’armée belge à Poelkapelle,

Le Paardenmarkt ne présente aucun danger immédiat, est méticuleusement sous contrôle, notamment par des prélèvements réguliers et un contrôle de contamination éventuelle sur les poissons. D’autre part, un plan d’alerte précoce a été élaboré.

Un journal britannique a fait état d’un incident qui serait survenu en mai 2017 : « Du gaz moutarde mortel s’est échappé d’un « cimetière d’armes » sous-marin de la Première Guerre mondiale en mer du Nord, près des côtes belges ». Je n’ai trouvé aucune confirmation de ce fait dans la presse belge. Par contre, on relève en 2019 : A Knokke-Heist, le cimetière de munitions contenant environ 35.000 tonnes de bombes et de grenades datant de la Première Guerre mondiale dans la mer du Nord présente des signes d’écoulement d’explosifs, apprenait-on début mars. Il apparaît désormais que du gaz moutarde a été retrouvé, rapporte jeudi Het Laatste Nieuws.

On y trouve également plusieurs cas de « nuages toxiques » venant de la mer, ayant incommodé des centaines de personnes dans des localités balnéaires en Grande-Bretagne telles que Worthing, Birling Gap et ailleurs.

Mais le danger n’est pas limité aux décharges de munitions connues et répertoriées en Mer du Nord. En effet, des dizaines de navires transportant des munitions toxiques diverses y ont été coulés au cours des deux guerres mondiales, sans compter les mines et explosifs toujours immergés en Mer du Nord et mer baltique. D’autre part, à la fin de la guerre, des barils de produits chimiques provenant des laboratoires produisant des armes chimiques ont été déversés en Manche.

« On estime que nous avons encore 1,6 million de tonnes de munitions datant des guerres mondiales déversées dans la mer du Nord et la mer Baltique, dont 300 000 tonnes dans la seule mer Baltique » indique Oliver Kinast, chef de l’unité de déminage du Schleswig-Holstein. Ce chiffre ne tient pas compte des munitions perdues au cours des opérations de combat. À ces chiffres colossaux doivent s’ajouter 220 000 tonnes d’armes chimiques.

« Plus nous développons les ressources offshore, plus nous rencontrons ces munitions, et plus elles doivent être nettoyées. À l’heure actuelle, l’installation de parcs éoliens, la pose de câbles incitent à nettoyer les fonds marin » constate Aaron Beck, chercheur en biogéochimie aquatique..

Je ne doute pas que l’implantation des zones d’éoliennes off-shore, particulièrement encouragée par la Belgique, ainsi que la construction prévue de l’île énergétique artificielle « Princesse Elisabeth » récemment approuvée par le Conseil des Ministres au large de nos côtes ait pris en compte ces éléments. Leur construction est néanmoins susceptible de modifier l’orientation et la puissance des courants marins, difficilement sinon impossible à modéliser de façon fiable. Il est en outre toujours aléatoire de prévoir l’évolution des dépôts de munitions, connus ou inconnus, en fonction des conditions météorologiques, de la mouvance des bancs de sable et des courants marins déjà évoqués, notamment lors de tempêtes parfois violentes.

 

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Je reste donc assez dubitatif sur la façon dont le sujet est traité ….

Jo Moreau.

 

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