Les responsables de nos principaux partis politiques assoiffés de moralité et de bien public, ont proclamé la main sur le cœur, dans une une explosion de déclarations médiatiques, combien ils ont été trompés par une infime minorité de moutons noirs, et détaillé les moyens qu’ils déploient pour ramener plus d’éthique en politique. Une fois de plus.
Et de prôner de nouveaux textes et règlements devant éradiquer les pratiques défaillantes mais ô combien rémunératrices qui semblent la règle dans notre pays. Et cela ne date pas d’hier, pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte.
Il me semble évident que l’éthique ne se décrète pas, et qu’il se trouvera toujours des profiteurs pour contourner tous règlements internes aux partis.
L’éthique doit imprégner l’état d’esprit de ceux qui s’engagent dans la représentation populaire, mais combien d’entre eux sont réellement habités par le seul but de servir, sans aucune autre arrière-pensée ? (j’allais dire par le seul but de servir, et non de se servir, mais c’eut été trop facile !).
Chaque parti avait déjà sa charte éthique, aussitôt signée et aussitôt oubliée.
Car le problème est immense. Après les problèmes de cumul de mandats, des nominations politiques pour les copains, restera ceux des intercommunales, des cabinets ministériels pléthoriques « doublant » les administrations, des milliers d’ASBL subventionnées et non contrôlées, de subventions aux syndicats par des entreprises publiques ou via les caisses de chômage, d’appels à des études ou des consultants hors de prix, de politiques environnementalistes et énergétiques soutenues par des incompétents notoires, j’en oublie et non des moindres.
En bref, le coût faramineux de la particratie belge et de la multiplication de gouvernements en tous genres, le tout financé par vous et par moi.
Et ces affaires touchent tous les partis, n’en doutons pas, soit par implication directe, soit par la volonté de ne pas voir .
L’engagement de respecter une éthique à priori est inutile. Par contre , instaurer une loi qui punit l’abus de fonction publique, comme il existe une loi commerciale qui punit l’abus de position dominante, par de très lourdes peines aussi bien civiles que pénales, freinerait peut-être les abus et les sanctionnerait certainement.
J’allais y ajouter la condamnation pour non-dénonciation de tels faits, mais on m’accuserait dès lors de favoriser la délation …. On place sa morale personnelle où on peut.
Maintenant, croire que la démocratie est sauvée parce qu’on empêche un bourgmestre de devenir député est une nouvelle fois de la poudre aux yeux, et promet à coup sûr des lendemains qui déchantent.
Pour une nouvelle loi électorale en Belgique.
Plus que jamais, l’inanité du système électoral à la proportionnelle éclate au grand jour : quel que soit le résultat des urnes, l’électeur n’aura en définitive pas voix au chapitre.
Si ce système apporte une certaine modération dans les orientations politiques et économiques, il empêche un choix clair du citoyen dans l’orientation qu’il souhaite donner à sa région.
Les élections ne sont là que « pour mémoire », pour faire joli dans le paysage des pays dits démocratiques et permet de continuer à faire partie de leur club. Mais encore une fois, il s‘agit ici de particratie et non de démocratie.
Le citoyen a l’impression -justifiée- que quel que soit son vote, celui-ci n’a aucune influence sur la direction du pays, et qu’en définitive la démocratie est confisquée par les états-majors des partis.
En effet, les coalitions obligatoires post-élections, font que l’accord de gouvernement qui s’en dégage n’a plus rien à voir avec le programme du parti pour lesquel le citoyen a voté.
Vous avez voté ? Bravo et maintenant rentrez chez vous, braves gens, car on ne vous demandera plus votre avis avant plusieurs années. Laissez donc faire ceux qui détiennent la connaissance , ceux que vous avez ou non élus, des gens sérieux qui savent mieux que vous ce qui est bien et ce qui ne l’est pas.
Voici venir le moment privilégié où ils se retrouvent enfin entre eux, débarrassés de cette campagne électorale où tout fut discuté sauf les vrais problèmes, où chacun a pu contenter son ego devant les caméras, et exposer un programme dont tout le monde sait parfaitement qu’il ne pourra jamais être mis en oeuvre.
Plusieurs se poussent en avant, ravis de pouvoir coiffer l’autre au poteau, et s’autoproclamer Président de la Région, car là non plus on n’a pas demandé votre avis.
D’ailleurs chacun sait que vous n’êtes pas assez qualifié pour le donner.
Ce fameux accord de gouvernement, disais-je , assez dilué pour plaire à tous ceux qui devront s’en accommoder , assez fadasse pour que rien ne bouge, et surtout assez flou pour qu’aucune décision un peu trop volontariste soit appliquée. Et concocté avec des partis tout-à-fait minoritaires mais qui auront l’énorme pouvoir de faire tomber un gouvernement, ou d’imposer leurs vues afin d’en former un autre.
Non, l’électeur n’a aucun moyen d’exprimer sa volonté quant à un accord gouvernemental, décidé par les seuls présidents de partis, qui n’ont eux-mêmes aucune légitimité devant l’ensemble de la population.
Afin de redonner du sens à l’exercice de la démocratie, il serait impératif de modifier la loi électorale vers un scrutin majoritaire tempéré, d’introduire le référendum d’initiative populaire limité, d’obliger les élus à occuper la fonction pour laquelle ils se sont présentés.
Mais cela, c’est une autre affaire ! Et puis, le décumul ne va-t-il pas tout solutionner ?
Jo Moreau.