ISRAEL CONFRONTE A LA PAIX

Le discours récent de Obama, sur la fondation d’un Etat palestinien sur base des frontières d’avant la guerre de 1967 a été repoussé (dans un premier temps ?) par le PM israélien Benjamin Netanyahu, et a soulevé une tempête de protestations dans certains milieux, comme s’il s’agissait d’une position nouvelle et totalement exclue par Israël.

C’est oublier un peu vite que Ariel Sharon lui-même s’était en définitive positionné en faveur de la création d’un Etat palestinien. D’autre part, prendre les frontières d’avant 1967 et la partition de Jerusalem comme base d’un accord était déjà prévu et accepté par Israël lors du sommet de Taba, en 2001, projet qui ne put malheureusement aboutir, et ensuite lors de « l’initiative de Genève » en 2003. La « feuille de route », promue notamment par George W Bush la même année, prônait des conditions identiques.

Evidemment, les suites conflictuelles de l’évacuation de Gaza par les Israéliens ne favorisèrent pas la poursuite d’un dialogue en ce sens, et l’action délibérée du Hamas fut déterminante dans l’orientation des élections en Israël (le mois précédent les élections, plus de 400 missiles furent lancés depuis la bande de Gaza) qui débouchèrent sur la formation d’un gouvernement ultra-nationaliste.

Toutefois, il faudra bien que le gouvernement israélien réalise rapidement que les conditions géopolitiques, et surtout militaires, ont bien changé depuis quelques années. Paramètre primordial : ses alliés ne sont absolument plus disposés à le suivre inconditionnellement dans ses orientations extrêmes vis-à-vis de son environnement géographique. Il doit également ouvrir les yeux sur les conséquences des récentes « révolutions arabes », qui aboutiront immanquablement dans de profondes modifications des relations mutuelles.

Son mépris à l’encontre du leader de l’Autorité Palestinienne, à qui il n’a consenti pratiquement aucune concession au cours de ces dernières années, aura été une profonde erreur tactique dont le résultat fut de décrédibiliser celui-ci vis-à-vis de l’opinion publique palestinienne, et de le jeter dans les bras du Hamas. (Quoique j’ai de sérieux doutes quant à la pérennité de cet accord).

La paix est indispensable pour l’existence même de l’Etat d’Israël, et elle sera bien sûr longue à finaliser. Il faudra surmonter les provocations parfois sanglantes des factions extrémistes. Mais il est impératif de rompre l’escalade continuelle qui anime les protagonistes, et réaliser que des concessions déchirantes devront être consenties de part et d’autre. Ceci comprend pour Israël l’abandon d’une grande partie des colonies dans les territoires occupés.

L’existence en Israël même d’un courant faisant preuve d’une vision réaliste de l’avenir est encourageante, et j’en veux pour preuve les récents faits suivants :

Tel-Aviv 21/04/2011 – Cette semaine ce sont 21 lauréats du prix d’Israël qui lancent une pétition en faveur de la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël. Parmi ces pétitionnaires, figurent les professeurs Yéhoudah Bauer et Ze’ev Sternhell, le graphiste David Tartakover, l’ex-président de l’Académie des sciences Menachem Yaari, la fondatrice du Meretz Shoulamit Aloni, l’actuelle conseillère municipale de Tel-Aviv et fille de l’ex-général Moshé Dayan Yaël Dayan, le peintre et sculpteur Danny Karavan, ainsi que le dramaturge Yéhoshua Sobol. H’anna Maron, lauréate du Prix d’Israël, gravement blessée lors d’un attentat en 1970 a également participé à cette pétition.

Le texte déclare notamment : « Israël est le lieu où naquit le peuple juif et où se forgea son caractère national. La Palestine est le lieu où naquit le peuple palestinien et où se forgea son caractère national. […] Nous appelons tout individu en quête de paix et de liberté pour les deux peuples à soutenir la déclaration d’indépendance de l’État palestinien, et à agir dans un sens qui encourage les citoyens des deux peuples à nouer de bonnes relations sur la base des frontières de 1967. La fin de l’occupation est une condition sine qua non de la libération des deux peuples. »

Le professeur Yéhoudah Bauer, spécialiste de la Shoah, a notamment déclaré : « Je parle d’un point de vue sioniste. Le sionisme a pour finalité la préservation d’un foyer juif national avec une solide majorité juive – c’était le rêve des gens de gauche, de droite, et du centre du sionisme classique. Mais la poursuite de l’occupation garantit l’invalidation du sionisme dans la mesure où elle écarte toute possibilité pour le peuple juif de vivre sur sa terre avec une majorité substantielle tout en bénéficiant d’une reconnaissance internationale. À mes yeux, cela rend le gouvernement d’Israël clairement antisioniste.’’

Des affrontements eurent lieu avec des contre-manifestants d’extrême droite.(Ha’aretz 21/04/2011)

Ceci est à rapprocher d’un plan de paix lancé en 2011 également par une quarantaine d’Israéliens éminents et notamment d’anciens chefs du Mossad, du Shin Beth et de l’armée, comme l’ex-chef d’état-major de Tsahal Amnon Lipkin-Shahak, les anciens chef du Mossad Dany Yatom et directeurs du Shin Beth Yaakov Perry et Dany Ayalon, ainsi que l’ex-général et dirigeant du parti travailliste Amran Mitzna, candidat premier ministrable lors des élections de 2002. Un porte-parole du groupe a confirmé les articles selon lesquels le plan presserait Israël d’accepter la formation d’un État palestinien à Gaza et dans presque toute la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.

D’ACCORD ? PAS D’ ACCORD ?? LAISSEZ VOTRE COMMENTAIRE ! (Ceux-ci seront modérés)

Jo Moreau.