MAI 68, LE RETOUR ??

Un peu partout en Europe, on assiste à des mouvements sociaux de plus en plus nombreux, et rassemblant de plus en plus de participants. La motivation profonde de certains de ces mouvements échappe toutefois à des analyses rationnelles.

Le meilleur exemple me semble être la récente grève totale des aiguilleurs du ciel en Belgique, dont personne, pas même les syndicats qui d’ailleurs ne cautionnèrent pas cette grève, ne put discerner la raison objective qui la déclencha, car on ne peut retenir le déplacement de deux personnes de Bruxelles à Charleroi (50 Kms) comme une raison valable au blocage du ciel belge…

On a vu aussi, parmi d’autres, l’arrêt des usines Arcelor-Mittal à Liège et à Châtelet, avec toutefois un arrière-plan social plus affirmé, et la grève des chemins de fer « marchandise », aussitôt embrayée « par solidarité (!?) » par certains cheminots. Quoiqu’on soit conscient que cette catégorie de fonctionnaires est toujours prête à démontrer sa solidarité…

Il y a bien sûr la revendication sous-jacente d’augmentation du pouvoir d’achat, mais consciemment ou non, chacun reconnaît que le pouvoir d’achat a vu ses capacités restreintes par de nouveaux besoins inconnus il y a quelques années, tels que l‘informatique, les GSM dont on a fait un produit de mode, les écrans plats, les abonnements pour faire fonctionner tout cela et pas mal d‘autres choses encore.

Mais plus que les revendications matérielles, ce qui transparaît dans tout cela est un sentiment de gigantesque ras-le-bol, devant un avenir de plus en plus bouché.

Ras-le-bol devant l’indifférence d’un monde industriel qui, depuis la mutation du capitalisme en financiérisme, a laissé tomber la population locale en se tournant vers l’exploitation d’un étranger asiatique ou africain bien plus prometteur en profits gigantesques.

Ras-le-bol devant le spectacle de ceux qui loin de subir durement l’évolution du monde et les conséquences de la crise, continuent à s’enrichir d‘une façon qu’il faut bien qualifier d‘indécente, et ceci est un doux euphémisme !

Ras-le-bol devant l’absence de réponse du monde politique, qu’il soit de droite ou de gauche, qui a porté la mondialisation sur les fonts baptismaux et se réfugie aujourd’hui derrière elle pour tenter d’expliquer son impuissance.

Et angoisse d’une large part de nos concitoyens qui craignent de rejoindre ceux, déjà nombreux, qui ne sont plus capables de trouver un logement décent, de se chauffer, ou de payer les factures des produits dont on l’a persuadé qu’ils étaient indispensables à son bonheur, et qui n’ont même plus accès à notre système de soins de santé que-le-monde-nous-envie.

Mais le pire dans la situation actuelle est qu’on a confisqué le rêve et l’espoir à une immense majorité de la population, rêve dans un avenir meilleur, dans la certitude que la vie de nos enfants sera plus douce que la nôtre, rêve dans les progrès de la science et de la civilisation.

Et la confiscation de ces rêves -combinée aux problèmes sociaux qui ne font qu‘amplifier-, pourrait mener à une situation bien plusexplosive et incontrôlable que ce que nous connûmes en mai 68.

Voir aussi :

http://belgotopia.lalibreblogs.be/archive/2009/05/11/europe-arretons-le-massacre.html

D’ ACCORD ? PAS D’ ACCORD ?? LAISSEZ VOTRE COMMENTAIRE !

Jo Moreau

2 commentaires sur “MAI 68, LE RETOUR ??

  1. Je ne vois aucune utopie maintenant, contrairement à ce qui s’est passé en ’68.
    D’un côté, on avait une ouverture sur tous les possibles, de l’autre un replis frileux…

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  2. Bonjour ?X?
    Le seul parallèle que je désirais faire, est le côté irrationnel de certains mouvements auxquels nous assistons, et parfois même l’absence de motif bien établi. Le risque d’explosion sociale généralisée pourrait cette-fois ci mener à l’inconnu.
    Mais bien d’accord avec vous, le « contenu » sociétal et idéologique est essentiellement différent.

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