LE LIBAN, ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME

Des informations récentes (répercutées par France24 ce 29/11) font état du réarmement du Hezbollah libanais par l’Iran, notamment en missiles capables d’atteindre n’importe quel point du territoire israélien. De telles armes auraient aussi été mises à la disposition du Hamas, dans la bande de Ghaza.

Ces nouvelles trouvent une certaine vraisemblance, lorsqu’on sait que le nouveau gouvernement libanais vient de décider que le Hezbollah, qui est une de ses composantes, pourra conserver ses armes, ce qui est en totale contradiction avec la résolution 1701 de l’ONU, prise suite à la guerre entre Israël et le Hezbollah libanais. (source : le Quotidien du Peuple 25/11/2009). On se souvient également de l’arraisonnement récent d’un cargo chargé d’armes iraniennes par la marine israélienne.

La réponse n’a pas tardé : un communiqué du gouvernement israélien prévient qu’une action militaire entreprise suite à des bombardements de son territoire ne se limiterait plus à l’encontre des militants du Hezbollah, mais se ferait contre l’Etat libanais, qui tolère cette situation. (Guysen International)

Il est un fait que le gouvernement iranien, (imitant en cela le gouvernement nord-coréen dans un autre contexte), se moque ouvertement de l’opinion internationale, et prolonge systématiquement des négociations élastiques, remettant sans cesse en cause des avancées péniblement acquises, tablant avec raison sur l’impuissance grandissante des anciennes puissances.

Alors, Israël laissera-t-il l’Iran mener à terme son développement nucléaire, manifestement militaire, sans réagir ?

L’hypothèse actuellement privilégiée est celle d’une attaque israélienne contre les cibles nucléaires iraniennes, scénario qui arrangerait bien l’ensemble des pays non fondamentalistes, musulmans ou non, leur évitant une intervention directe très embarrassante , et dont l’issue ne serait manifestement pas plus glorieuse qu’en Irak ou en Afghanistan.

Il existe des précédents connus, lorsque l’aviation israélienne détruisit le site nucléaire irakien Al Tuwaitha en 1981, et le site nucléaire syrien d’Al Kibar en septembre 2007. (Ce dernier semble d’ailleurs être l’objet d’une remise en état avec l’aide de la Corée du Nord).

La situation est cependant essentiellement différente aujourd‘hui, que ce soit sur le plan militaire ou sur le plan politique.

Sur le plan militaire d’abord, l’existence avérée de missiles iraniens pleinement opérationnels et pouvant occasionner de sérieux dégâts au cœur d’ Israël a profondément modifié la mise. Lors de la guerre du Golfe, on se souvient de l’emploi par l’Irak de missiles « Scud » modifiés contre les villes israéliennes. Toutefois, cette action qui avait pour but d’obliger Israël à intervenir dans le conflit afin de décrédibiliser celui-ci, échoua dans ses objectifs par la faute principalement de caractéristiques déficientes du matériel employé.

Les actuels missiles iraniens sont bien plus efficaces, aussi bien dans leur capacité de destruction, que dans leur autonomie et la précision des tirs. Plusieurs pays européens deviennent par la même occasion des cibles potentielles, ce qui n’est pas à négliger pour une évaluation correcte de la situation stratégique et politique.

Comme on l’a vu d‘autre part, ces représailles pourraient provenir de plusieurs origines géographiques, impliquant une nouvelle fois le risque d’embrasement généralisé.

En dépit de la supériorité stratégique de Tsahal, Israël ne sera donc pas à l’abri de destructions cette fois-ci dévastatrices en cas d’action militaire.

Sur le plan politique, les hésitations actuelles vis-à-vis de l’Iran démontrent l’embarras de la communauté internationale, face à ce qui pourrait aussi apparaître comme un soutien au gouvernement israélien dominé aujourd’hui par l’extrême-droite.

La prolifération nucléaire ne pourra être contenue dans un futur proche, et de plus en plus de pays -notamment au Moyen-Orient- revendiquent le droit à la possession de l’arme nucléaire dans le cas où l’Iran serait « nucléarisé », ses voisins n‘étant pas nécessairement ses alliés !

Alors, que nous réserve l’avenir ? C’est une excellente question et je vous remercie de l’avoir posée !

Jo Moreau

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