POUR UNE NOUVELLE STRATEGIE ANTITERRORISTE

La dernière action des troupes engagées en Afghanistan, débouchant sur la destruction par un raid aérien de 2 camions-citernes volés par les talibans et débouchant sur la mort de 54 personnes, dont 6 civils (chiffres au 06/09 à 10 heures par un ministre afghan) est exemplative non seulement de l‘efficacité d‘un combat dit « conventionnel » contre des insurgés, de la justification de celui-ci, de l’état des opinions publiques occidentales et de leur personnel politique.

Pour être compréhensible, j’utiliserai dans ce texte le mot « islamiste » pour qualifier les fondamentalistes musulmans, partisans de l’application universelle de la charriah en lieu et place des lois civiles. Dans ce combat, tous ceux qui ne partagent pas cette vision de la société sont des ennemis à abattre, musulmans trop « tièdes » à leurs yeux compris (ils en sont d‘ailleurs les premières victimes et les plus nombreuses).

Quoiqu’on en dise, et malgré toutes les dénégations intéressées ou non, il est évident que nous sommes aujourd’hui pleinement engagés dans une confrontation mondiale entre une vision « légaliste » de la société, et un retour vers une conception religieuse obscurantiste digne du Moyen-Age.

Pour différentes raisons, les courants d’extrême-droite et d’extrême-gauche se rejoignent dans un soutien pratiquement inconditionnel à cette mouvance islamiste.

L’Afghanistan était donc un de ces états islamiste, dirigé par les talibans et servant aussi de base arrière au terrorisme non seulement islamique, mais tous les mouvements terroristes y bénéficiaient de camps d’entraînement pour autant qu’ils soient engagés dans un combat contre un gouvernement « légaliste » ou antisémite.

Une intervention militaire fut décidée et couverte par la résolution 1386 du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Mais comme pour toutes les interventions militaires récentes, il semble qu’ aussi bien les gouvernements que les opinions publiques des pays participants ne sont pas prêts à mettre en oeuvre tous les moyens militaires nécessaires pour gagner cette guerre. On veut une guerre soft, faite par des soldats dont on attend qu’ils soient plus des fins psychologues secouristes que des combattants.

On veut aussi croire ou faire croire que la guerre peut être faite sans qu’un seul civil non-combattant n’en soit victime, et au premier civil tué, le pouvoir politique, qui a décidé cette guerre comme toutes les autres d’ailleurs, se détourne alors de ses militaires et est prêt à les condamner avec mépris.

Dès l’annonce du bombardement des camions, et du fait qu’il y aurait 90 morts, sans même attendre les conclusions ou les explications, les médias européens s’emparent des victimes et en font leurs gros titres en parlant d‘office de bavure. Affolés, les politiques prennent alors immédiatement leurs distances, dont Bernard Kouchner (« C’est une grosse erreur »), ou Jean Asselborn ministre luxembourgeois des affaires étrangères (« Même s’il n’y avait eu qu’un civil sur place, cette opération n’aurait pas dû avoir lieu »). Nos hommes politiques devraient donner des cours aux militaires, leur apprenant la différence entre un civil innocent et un terroriste. 

Je n’ose penser au moment où, par malheur, un soldat belge serait malheureusement tué. Ce serait sans doute le rappel général de notre contingent, comme au Rwanda où le massacre de 10 soldats sonna le repli précipité de nos troupes, ordonné par un pouvoir politique irresponsable -car il était parfaitement informé des conséquences certaines de ce repli- et ouvrant la voie au massacre d’un million de personnes.

Il est clair qu’avec une telle vision des choses, la guerre en Afghanistan, et en général contre le fondamentalisme islamique, est dès à présent perdue, d’autant plus qu’on ne discerne pas très bien pour qui roule le pouvoir en place en général et Hamid Karzai en particulier.

Il est évident qu’aussi bien sur le plan stratégique que sur le plan politique, il est désormais inutile d’entreprendre une guerre « conventionnelle » dans des conflits contre des groupes insurrectionnels, surtout quand ces mouvements bénéficient d’un large appui logistique dans les pays voisins, mais également idéologique dans les pays qui fournissent les contingents censés les combattre ! Il est par exemple symptomatique et interpellant de constater l’empressement de nos médias à donner crédit à priori au point de vue de ces groupes terroristes, et à trouver des tas d’excuses à leur action.

Nous devons donc envisager l’évacuation de l’Afghanistan, notre position militaire chèvre-choutiste devenant peu à peu intenable. Il faut être conscient bien entendu que ceci suppose que nous ne pourrons désormais plus donner d’aide à caractère militaire à des populations gravement menacées.

La seule stratégie qui semble encore envisageable dans l’avenir pourrait être des frappes ponctuelles sur des objectifs clairement identifiés, soit par des actions aériennes, soit par des actions de style « commando », mais sans occupation des territoires, et seulement lorsque notre propre sécurité est en jeu. Ceci devrait être appuyé par une contre-propagande dans nos propres pays, sans concession aucune envers une idéologie qui prône des idées et des comportements à l’opposé de la dignité de l’être humain.

Jo Moreau

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