LES FRANCOPHONES FACE AU CONFEDERALISME

La composition des gouvernements régionaux une fois bouclée, le communautaire va revenir au galop, n’en doutons pas, avec leurs super-stars Olivier Maingain d’une part, et Bart De Wever de l’autre.

Inutile de revenir sur l’historique du problème, et sur les origines du mouvement activiste flamand, qui fut -malheureusement pour lui- entaché deux fois peu ou prou dans la collaboration avec l’ennemi. Ce mouvement utilisa dans sa dialectique, la confusion facile entre le communautarisme linguistique et la réalité socio-économique de l‘époque.

Notons toutefois qu’à l’origine, le français était la seule langue reconnue en Belgique et le français fut imposé aussi bien aux flamands qu’aux wallons. Ces derniers acceptèrent sans réticence l’abandon de leurs dialectes, contrairement aux flamands qui tentèrent d’unifier les leurs vers l’Algemeen Beschaafd Nederland, ce qui n‘est d‘ailleurs pas gagné.

Mon propos dans ce billet n’est pas de relever tous les excès du nationalisme flamand, depuis le Walen buiten, (rappelant le sinistre Jüden raus), jusqu’aux prises de position actuelles à la limite du racisme, mais j’aimerais relever certaines attitudes francophones, que notre opinion publique préfère soigneusement occulter.

Le citoyen flamand a longtemps traîné derrière lui l’image d’un paysan, qui avait avantage à rapidement parler le français sous peine de sous-développement éternel. Ce type de mentalité parmi une large frange de la population francophone, surtout bruxelloise, était une réalité jusqu‘à un passé fort proche. Sans remonter à Mathusalem, lors des premières « mars op Brussel » des années 60, les affichettes brandies par les opposants francophones portaient : « keer naar uw dorp », ce qui était bien le reflet d’un sentiment général de mépris.

Sous la pression d’une attente de reconnaissance de l’identité flamande, les francophones ont accepté le fédéralisme du bout des lèvres, avec l’arrière-pensée : d’accord pour le fédéralisme, à condition que rien ne change. Cette attitude n’est pas sans responsabilité dans l’attitude des milieux flamands modérés, bien obligés dès lors de courir derrière les plus nationalistes.

Après plusieurs dizaines d’années (et combien de milliards d’euros ?) de transferts Nord-Sud, tout le monde doit bien constater que dans le sud du pays, rien n’évolue dans un sens positif, et que la mentalité immobiliste et frileuse d’une large part de la population wallonne n’est pas prête d’évoluer.

Inutile de se voiler la face, de part et d’autre, et chacun sûr de son bon droit, l’escalade communautaire nous placera sous peu devant un blocage des institutions. Cette escalade est bien sûr alimentée aussi bien par les prises de position de plus en plus extrémistes des milieux flamands, que par le blocage francophone systématique aux demandes flamandes , aussi justifiées soient-elles.

Par exemple, lorsque les flamands demandent un effort pour se débrouiller dans leur langue sur leur propre territoire, certains milieux francophones sont prêts à un appel aux casques bleus…

Il me parait évident que les choses sont allées maintenant trop loin que pour espérer un rabibochage définitif.

Plutôt que de s’épuiser en négociations communautaires successives, les deux communautés (pardon à la communauté germanophone) ont maintenant avantage à se mettre autour d’une table, et à négocier la mise sur pied d’un état confédéral, où chacune d’entre elles assumera le maximum de compétences.

L’Etat belge, financé par les Régions autonomes, ne subsisterait que dans les compétences de politique extérieure, de défense, de justice, et d‘un tronc minimal de sécurité sociale.

Repartant ainsi sur des bases franches et assainies, en-dehors de tout agenda caché, rien n’empêchera les régions d’établir entre elles des accords de coopération dans tous les domaines possibles, entre partenaires égaux et dans le respect mutuel.

Cela obligera bien sûr la Région Wallonne à des efforts considérables vers une autonomie économique, et une gestion pragmatique de ses moyens, avec toutes les conséquences politiques que cela sous-entend. Mais cela aidera sans conteste à l’assainissement de bien des choses …

Billet associé : http://belgotopia.blogs.lalibre.be/archive/2009/05/09/belgotopia-un-acte-de-foi.html

Jo Moreau

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2 commentaires sur “LES FRANCOPHONES FACE AU CONFEDERALISME

  1. Le confédéralisme ne peut être qu’une étape. Historiquement, les confédérations évoluent toujours soit vers le fédéralisme, soient vers la dissolution. La seule confédération au sens juridique du terme, actuellement, c’est l’Union Européenne. D’ailleurs, le régime belge est déjà un compromis entre fédéralisme et confédéralisme. L’absence de hiérarchie des normes en est le symptôme le plus révélateur.

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  2. Bonjour Le Sanglier,
    Je crois qu’il ne faut pas s’accrocher à une terminologie. J’emplois le terme « confédéralisme » par facilité, parce que à l’heure actuelle tout le monde sait ce qu’il sous-entend dans le scénario institutionnel belge.
    Maintenant, chaque état « confédéral » s’est créé une organisation politique interne propre à sa réalité.
    Il est probable aussi que nous ne pourrons aller plus loin, soit le séparatisme pur et simple (que je ne souhaite pas), sous la pression de pas mal d’états de l’Union Européenne, confrontés eux-mêmes peu ou prou à la tentation séparatiste de certaines de leurs composantes, comme l’Espagne, la Grande-Bretagne, la France etc…

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