Le gouvernement wallon est donc bientôt formé, et va pouvoir se mettre à l’ouvrage.
Quelles sont les perspectives de mise en œuvre de son plan, 500 pages de bonnes intentions proclamées, qui tomberont peu à peu dans l’oubli comme sont tombées dans l’oubli celles des gouvernements précédents.
Cela ne serait que du réchauffé, si nous ne nous trouvions face à deux échéances capitales : la crise, qui suivant certains n’est pas prête d’être terminée, et le dialogue (?) institutionnel, dont il est clair maintenant que les flamands attendent de voir arriver les wallons à genoux et la main tendue.
Car là gît le problème : il n’y a plus de sous, et il y en aura de moins en moins, si j’ose cette audacieuse formule de style, autorisée par les techniques budgétaires.
Ces deux problèmes s’imbriquent intimement, et il est indispensable maintenant que les francophones aient le courage politique, ou tout simplement la fierté retrouvée d’affronter l’inévitable grande réforme institutionnelle voulue par la Flandre.
Comme francophone, je me sens ulcéré de me voir représenté par des personnalités qui se réfugient derrière des notions dont leurs interlocuteurs n’ont que faire, pour tenter de s’opposer de toutes leurs forces à l’inéluctable.
En clair, j’en ai marre d’être redevable à la Flandre de ce qui n’est plus de la solidarité, notion qui ne doit être qu’une aide ponctuelle à une situation accidentelle, mais d’être un perpétuel assisté.
Nous devons tout d’abord considérer la limite politique imposée par l’International. Les nations européennes, dont beaucoup sont confrontées à des degrés divers à des problèmes nationalistes semblables à ce qui se passe chez nous, l’Ecosse pour la Grande-Bretagne, l’Espagne et plusieurs de ses régions, l’Italie, la France, et j’en oublie, problèmes qui pourraient déboucher sur une véritable balkanisation de l’Europe géographique qui a déjà commencé dans les …Balkans, alors qu’aucune organisation politique européenne ne peut prendre le relais. Car tel est le drame qu’occultent les régionalistes : l’Europe politique n’existe pas, et ce n’est pas demain qu’elle naîtra.
Pour d’autres raisons, dont la « visibilité » internationale de la Belgique, profitable aussi bien à la Flandre qu‘à la Wallonie-Bruxelles, un état belge continuera donc à exister. Mais que contiendra-t-il ?
Il convient d’abord de faire un bilan réaliste. Les régions belges ont un passé en commun, et qui remonte bien loin dans l’histoire. Ont-elles un avenir en commun ? C’est à leurs représentants d’en décider en toute lucidité en fonction de leurs sensibilités actuelles.
En fonction de la réponse, il faudra définir les matières laissées à la compétence des régions-états, et de l’état central. A mon sens, la seule solution durable et acceptable par tous, est un état central financé par les régions-états, gérant la politique étrangère, l’armée, la police criminelle et la sûreté de l‘état, un tronc commun de sécurité sociale, ainsi que certains organismes nationaux de coordination de compétences régionales comme la justice, les sports, les communications etc…
Les problèmes à résoudre seront bien entendu énormes, car il n’est ici pas question d’une capitulation des francophones en rase campagne, mais bien d’une négociation qui comprendra l’avenir de Bruxelles, et notamment son financement, en passant par la fixation définitive de la frontière linguistique acceptée par tous comme frontière d’état, y compris l’abandon des facilités. Il sera indispensable d’abandonner les demi-mesures, les non-dits, et les faux-semblants et les agendas cachés.
Les fameux « compromis à la belge » -dont nous nous gargarisons volontiers- ont longtemps fait effet, mais ont aussi mené à la situation inextricable que nous connaissons aujourd‘hui, en servant de camouflage à la réalité et en évitant soigneusement de résoudre clairement les problèmes qui se présentaient.
Les francophones devront également abandonner leur vision de l’organisation de l’état : ok pour tout modifier, à condition que rien ne change. Cet état d’esprit est également responsable de la situation inextricable dans laquelle nous nous trouvons.
Si nous parvenons à entamer ce dialogue entre ‘honnêtes hommes’, je suis persuadé que les positions extrémistes des uns et des autres s’estomperont, et que certains problèmes qui nous paraissent aujourd’hui insolubles trouveront une solution raisonnable.
Je suis aussi persuadé que cet électro-choc institutionnel est seul capable de sortir enfin la Wallonie de sa douce torpeur, et qu’un véritable renouveau politique et économique naîtra de cette évolution . A ce moment, ce ne sera plus un vœu pieux, mais une obligation incontournable.
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Jo Moreau